Chaque année, Davos prend la tournure d’un gigantesque salon parisien. On s’y retrouve entre gens-qui-comptent. On fait assaut de bons mots et de pensées profondes, on y pratique avec ardeur l’admiration mutuelle ou la vacherie bien tournée, on offre aux caméras le sourire le moins carnassier possible. Les médias se pressent pour diffuser le menu du jour de ce gratin de l’importance. Chaque année, les organisateurs choisissent un thème et s’assurent que le message sera bien transmis. Cette année, c’est le «gloom», l’inquiétude face à des prévisions économiques peu brillantes. Avant la crise, on y célébrait les prouesses des marchés financiers, qui allaient assurer des décennies de bien-être sur la terre entière. Après la crise, les financiers se battaient la coulpe en public tout en se votant des tonnes d’indulgences. D’autres années, on a défendu la lutte contre le réchauffement climatique entre pollueurs et gouvernements protecteurs de leurs industries polluantes, ou bien la cause des femmes d’en haut. Assaut de pessimisme C’est diablement bien fait. On colle à l’actualité, on défend toutes les bonnes causes du jour, on fait venir les puissants et les faibles, les têtes chenues célèbres et les jeunes leaders de demain, on fustige tout ce qui est très évidemment condamnable, on encourage quelques transgressions pourvu qu’elles aient de nobles objectifs, on fait applaudir les idéaux inatteignables par ceux qui ont ...
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