Les élections TPE font un flop
Le scrutin dans les TPE, qui se termine vendredi en métropole, a été largement ignoré par les 4,6 millions de salariés concernés, malgré l'enjeu. Les syndicats l'expliquent par son report de dernière minute et battent aussi leur coulpe quant à leur faible implantation dans les petites entreprises.
Seulement 5,83% ont voté, estimait jeudi Solidaires.
Pourtant les militants syndicaux n'ont pas économisé les efforts, battant campagne pendant des mois pour inciter les coiffeurs, bouchers, assistantes maternelles et autres secrétaires médicales à voter, en faisant du porte à porte, passant des coups de fils ou organisant des réunions publiques.
"Pendant la campagne, nous n'avons pas constaté d'hostilité mais l'étonnement de gens qui n'avaient jamais vu de syndicalistes de leur vie", raconte Luc Bérille, secrétaire général de l'Unsa. "Il faut être lucide! Les syndicats sont mal implantés dans les TPE", abonde Frédéric Bodin (Solidaires).
Le scrutin précédent, il y a quatre ans, avait déjà été boudé: 10,38% des salariés de très petites entreprises (moins de 11 salariés) et particuliers-employeurs y avaient participé.
Ces élections, sur sigle - il n'y a pas de listes de candidats, les salariés votent pour une organisation syndicale - sont pourtant cruciales pour les salariés, puisqu'elles vont permettre de désigner les représentants syndicaux dans les futures commissions paritaires régionales (CPRI), qui, à partir de juillet, vont les défendre et conseiller.
Elles vont aussi permettre de désigner les conseillers prud'homaux. En outre, elles participeront au calcul de la représentativité des syndicats nationaux, où la CFDT espère damer le pion à la CGT.
Bien qu'importants, ces enjeux "n'évoquent rien" pour ces salariés: "les CPRI, ça ne leur parle pas", reconnait M. Bodin.
- Matériel de vote défaillant -
Pour expliquer la faible participation, les syndicats pointent également son report de dernière minute, décidé par le ministère du Travail, le temps que soit réglé un contentieux juridique entre la CGT et le syndicat corse STC. Initialement prévues du 28 novembre au 12 décembre, leur démarrage a été repoussé au 30 décembre, en pleine trêve des confiseurs.
Afin de compenser les répercussions de ce report et financer l'allongement de la campagne de communication, le ministère du Travail a débloqué une rallonge de deux millions d'euros, pour une enveloppe totale de 20 millions.
Initiative insuffisante, selon les syndicats. Solidaires et la CGT ont ainsi demandé à la ministre du Travail Myriam El Khomri, de repousser le délai de prise en compte des votes par courrier au 30 janvier, au lieu du 16 janvier, voire au 3 février, date de publication des résultats.
Ils n'ont pas obtenu gain de cause car les autres syndicats, dont la CFDT, la CFE-CFC, la CFTC ou FO, ne le souhaitaient pas.
"Les salariés ont eu 15 jours pour voter, s'il ne votent pas, ce n'est pas lié à la durée du vote", explique Philippe Louis, président de la CFTC.
L'Unsa, qui avant le lancement du scrutin avait demandé qu'il se déroule sur trois semaines, est sur la même longueur d'onde: "Maintenant c'est trop tard. La question de fond, c'est le désintérêt des salariés pour ces élections", insiste M. Bérille.
La CFE-CGC évoque en outre des "anomalies", assurant que des électeurs n'ont pas reçu le matériel de vote, ou un matériel défaillant.
En 2012, la CGT est arrivée largement en tête, avec 29,54%, suivie de la CFDT (19,26%), FO (15,25%), l'Unsa (7,35%), la CFTC (6,53%), Solidaires (4,75%), CAT (2,39%) et CNT (2,13%). La CFE-CGC, qui n'avait participé qu'au collège cadre, y avait recueilli 26,91%.