Terrorisme: les leçons d'autres pays pour aider les victimes
Prise en charge médicale, indemnisation, organisation des secours... Une conférence internationale a dressé lundi à Paris un panorama de l'aide internationale aux victimes d'actes de terrorisme dans le monde, afin de construire à terme une politique internationale dédiée.
"Le soir du nouvel an, à Istanbul, une Française est décédée et quatre autres ressortissants ont été blessés physiquement. A Nice, 37 étrangers, de 19 nationalités différentes, ont été touchés", a expliqué la secrétaire d'Etat chargée de l'Aide aux victimes, Juliette Méadel.
"Les dangers et les réponses qu'exige l'aide aux victimes ne sont plus l'affaire d'un seul pays", a-t-elle déclaré à l'ouverture de la conférence internationale pour l'aide aux victimes, à laquelle participent une vingtaine de pays, et dont le but est de "comparer et regarder ce qui se fait de mieux".
Israël, où 2.600 personnes sont mortes et 13.000 ont été blessées dans des actes de terrorisme depuis l'an 2000, selon des chiffres officiels, fait figure de référence en terme d'intervention sur les lieux des attentats.
Magen David Adom, une importante structure d'urgence du pays, compte 2.000 salariés qu'assistent 3.500 citoyens volontaires dont tous "disposent d'un équipement de première urgence dans le coffre de leur voiture", explique Chaim Rafalowski, coordinateur de cette organisation.
L'aide du badaud est encouragée. "Le problème quand il y a des pertes massives, c'est qu'il n'y a pas assez de ressources humaines. Pourquoi repousser les personnes présentes", quand elles peuvent par exemple aider à "contrôler les saignements des blessés", s'interroge-t-il.
En France, où depuis 2015, 255 Français sont "morts du terrorisme", soit "plus qu'entre 1945 et 2015", dont 17 à l'étranger, la formation aux soins de premier secours est devenue obligatoire pour tous les élèves de 3e depuis la dernière rentrée scolaire.
- Discrimination positive -
Les luttes indépendantistes ont fait "plus de 10.000 victimes" en Espagne. Ses victimes "bénéficient d'un traitement différent" car "le terrorisme a un sens particulier : il attaque la démocratie", explique Sonia Ramos Pineiro, directrice générale de l'Aide aux victimes du terrorisme, qui dépend du ministère de l'Intérieur.
Les "victimes du terrorisme", pour ne pas être doublement discriminées, bénéficient de quotas dans les entreprises, ajoute Paloma Perez Cortijo, sa sous-directrice.
Les Etats-Unis sont cités en exemple pour le travail de mémoire, avec le mémorial du 11 septembre 2001, qui depuis son inauguration en 2011, a accueilli plus de 30 millions de visiteurs. Les voix des victimes ont été "fondatrices" pour la construction de ce lieu symbole "d'espoir, d'unité, de résilience", souligne Anthony Gardner, son vice-président et frère d'un des 2.977 morts du World trade center.
L'"amélioration de la prise en charge" des "victimes du terrorisme", au niveau global, passe par l'élaboration d'ici 2027 d'une "politique internationale" dédiée, basée sur quatre priorités : l'"accès à l'information" pour les victimes et leurs proches, la "prise en charge des victimes étrangères", "l'organisation du système d'aide et l'accès aux soins", et l'"indemnisation", a listé Mme Méadel.
Un comité composé de la Belgique, l'Espagne, l'Estonie, La France, la Hongrie, le Luxembourg et la Roumanie se réunira dans trois mois pour observer les "avancées" réalisées, a-t-elle poursuivi.