Les Rencontres de Chaminadour à Guéret invitent de nombreux écrivains à cheminer avec Victor Hugo
Les Rencontres littéraires de Chaminadour débutent aujourd’hui. L’occasion d’interroger Hugues Bachelot, le coordinateur, sur le choix unique de Victor Hugo cette année.
Habituellement, les Rencontres de Chaminadour placent un écrivain contemporain sur le chemin d’un auteur passé à la postérité. Or, cette fois, c’est Hugo qui part à la rencontre de Victor… De lui-même.
Pourquoi ce choix unique cette année ? Est-ce un hommage ?
Non. Cette année, tous avaient envie d’Hugo mais aucun n’a eu la prétention de marcher seul sur les traces ou sur le chemin d’Hugo. C’était intimidant. Alors on a pensé à l’un de ces poèmes dans lequel il parle de sa naissance, en 1802. “Ce siècle avait deux ans ! Rome remplaçait Sparte, Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte.” C’est ainsi qu’on a décidé que ce serait Hugo sur les grands chemins de Victor. Et ce n’est pas plus mal car cela entraîne une approche d’une œuvre avec une grande timidité.
Il nous manque un personnage commeVictor Hugo
Cela signifie-t-il qu’il y a eu deux Hugo, deux périodes ?
Hugo est quelqu’un qui est né sous Napoléon Ier. Au début, il était royaliste et quand il a vu le comportement des hommes politiques, il s’est posé des questions, et surtout quand il a vu la tristesse et la pauvreté du peuple, il a réagi. Il s’est rendu compte qu’il s’était fait avoir. Mais parce qu’au début Napoléon III était républicain.
Chaminadour a l’habitude de mettre en avant des auteurs engagés, voire subversifs. En quoi Victor Hugo est-il révolutionnaire ?
La période dans laquelle nous vivons est extrêmement difficile, avec une souffrance des gens, avec une disproportion des richesses. Et je pense qu’il nous manque un personnage comme Victor Hugo. Il n’y a plus réellement de penseur, après la mort de Sartre, de Bourdieu, de Deleuze… Il n’y a plus de référence. Alors que Victor Hugo, lui, s’est engagé. Par exemple, Robert Badinter que nous avons rencontré mais qui ne pourra pas se déplacer, raconte que c’est bien Victor Hugo qui l’a inspiré dans son discours pour présenter le projet de loi sur l’abolition de la peine de mort. Hugo a creusé le sillon. Il y a aussi ce fameux discours sur la pauvreté. C’était ce personnage qui nous importait. Et sa langue aussi. Ses poèmes en alexandrin sont extraordinaires. C’est quand même un monument ! Victor Hugo ne peut que nous aider en ce moment. Il nous manque.
Votre attrait pour Victor Hugo semble partagé puisque bon nombre de lycéens participent cette année aux rencontres littéraires ?
Oui, il y a pour la première fois cette curiosité des lycéens de Creuse et de Limoges, il y a huit classes qui vont venir aujourd’hui. Une première. On va même installer un écran au cas où on afficherait complet. Mais parce que l’auteur s’y prête. Victor Hugo était un homme engagé.
L’écriture engagée peut être risquéeUn engagement par l’écriture, les mots, qui résonne encore aujourd’hui… Oui, pour la table ronde de vendredi, « Marius révise l’histoire de France et l’itinéraire de Victor », avec Mona Ozouf, le journaliste Philippe Lançon devait être lui aussi présent mais le rescapé du massacre de Charlie Hebdo ne pourra pas car il devait subir une nouvelle opération. Cet homme, son histoire, illustrent parfaitement ce que peut coûter d’écrire. Pour en revenir à Hugo, son engagement lui a coûté dix-neuf ans d’exil.C’est donc un Hugo sous toutes ses facettes que l’on pourra découvrir ou redécouvrir, y compris sous l’angle du spiritisme ?
Hugo a vu mourir deux de ses enfants. À Jersey, en exil, il a dû trouver le temps long et il a fait tourner les tables. Mais il a toujours été intéressé par le spiritisme qui était à la mode à l’époque. Il racontait qu’il avait des conversations avec tout un tas de personnages, y compris Jésus.
Virginie Mayet
Entrée libre et gratuite, jusqu’à dimanche, www.chaminadour.com