Comment dix collégiennes du Puy-de-Dôme ont imaginé un plastique "propre" à base de protéines de lait
Dix collégiennes d’Aubière (Puy-de-Dôme) ont été sacrées à Paris pour avoir créé un plastique naturel et biodégradable, le Plantastic, premier prix du concours CGénial.
Le 25 mai, elles étaient à la Vilette, à Paris. Le jury annonce enfin les prix. Du moins important jusqu’au premier prix. « Quand les deuxièmes prix sont passés, on s’est dit que c’était cuit », se souvient Claude Pétiniot, professeur de sciences physiques.
Et puis, le grand moment arrive : « Le premier prix CGénial revient au collège Joliot-Curie d’Aubière. » Parmi les 276 collèges concurrents (32 lors de cette finale), les dix Puydomoises sont tout simplement championnes de France.
Gagner l'année d'un club 100 % fémininAu départ, il y a ce concours. CGénial qui existe depuis 14 ans mais auquel des collèges auvergnats participent depuis seulement six ans. Et depuis six ans, c’est toujours Joliot-Curie qui remporte l’étape régionale. Il faut dire que la concurrence est rare.
Mais depuis six ans, le collège chute lors de la dernière marche, à Paris. Cette année, Aubière s’est imposé. Coïncidence ou pas, justement l’année où le collège a décidé de faire de son club de science un club 100 % féminin.
C’est donc l’histoire de dix copines. « On se connaissait toutes avant. Et puis, le club avait l’air sympa, on y est allé », résume Claire. C’est parti. Tous les mardis, les filles ratent la récré pour plancher sur leur projet, de 12 h 30 à 14 heures et parfois les après-midi, au lieu de la permanence, pour ne pas prendre de retard.
Un plastique à base de protéines de rizMais qu’ont donc proposé les collégiennes pour être sacrées ? Tout simplement un plastique naturel et biodégradable. Rien que ça. Quand les politiques et industriels s’arrachent les cheveux sur le problème du plastique. Elles, sont capables de le résoudre en une heure (le temps de création, mais compter 7 jours de séchage).
Au départ, on voulait créer une capsule plastique qui se dégrade au bout de trois jours pour arroser les plantes pendant votre absence.
Elles se tournent d’abord vers l’amidon. Technique connue. Mais qui laisse des déchets. Les filles trouvent alors un partenariat avec Lactips, une entreprise de Saint-Étienne, qui produit du plastique à base de caséine. « C’est juste de la protéine de lait », nous éclaire une élève l’air un peu blasée.
Il faudra de nombreux tests pour trouver le dosage parfait. Celui qui a permis de remporter le premier prix. Parfait ? Pas tant que ça. « On reste sur notre idée de plantes. Pour une dégradation en trois jours, il faudrait des capsules de 8 mm d’épaisseur. C’est trop. On cherche encore un additif qui permet d’augmenter la résistance, sans perdre en souplesse. »
Le club science du collège Joliot-Curie, 2e au concours CGénial
Le salon internationale en 2020Pourquoi continuer à chercher si le prix est remporté ? D’abord par amour de la science. Et puis, au printemps 2020, les dix collégiennes (lycéennes à ce moment là) se retrouveront dans un grand salon international au Luxembourg. Pas de jury, pas de classement, mais le plaisir de partager son savoir. Comme elles le firent avec les Parisiens. Tous les Parisiens. « Dans le métro, les gens descendaient pour changer de rame », rigolent-elles encore.
Les différents tests pour Plantastic.Ce mardi, le recteur est venu les féliciter, elles et leurs deux professeurs Claude Pétiniot et Anne Mignot, professeure… d’espagnol. « C’est surprenant, mais curieusement, l’idée de départ est de moi. »
Et Claude Pétiniot acquiesce : « Depuis six ans je gère ce club, mais peut-être qu’il me manquait cette petite touche d’originalité dans le projet. » Et peut-être aussi dix jeunes femmes qui prouvent que la science n’est pas l’apanage des hommes.
Une belle leçon dans un collège qui porte le nom d’un couple de physiciens nobélisés.
Simon Antony