Echange acerbe entre Juppé et Sarkozy sur les effectifs policiers
Alain Juppé et Nicolas Sarkozy ont eu un échange acerbe dimanche par médias interposés au sujet des suppressions d'effectifs policiers et la réforme des renseignements généraux durant le dernier quinquennat.
Le maire de Bordeaux a ouvert les hostilités sur France 3 en regrettant, un an après les attaques du 13 novembre, ces réformes.
"Nous avons fait une erreur avant 2012 en supprimant les renseignements généraux, le renseignement territorial", a expliqué le favori des sondages à la primaire de la droite, au sujet d'une réforme décidée par M. Sarkozy en 2008.
"Je ne critique pas ce qui a été fait avant 2012 (durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy), je regarde la réalité en face, j'ai été ministre en 2011 et 2012, il faut reconnaître ses erreurs et j'en étais", a ajouté M. Juppé.
"Nous avons eu tort de diminuer de 10.000 le nombre de fonctionnaires de police et de gendarmerie sur le terrain", a aussi regretté M. Juppé.
L'ancien chef de l'Etat a répliqué sur le plateau du JT de TF1: "Je trouve qu'il y a beaucoup de légèreté dans ce qu'a dit Alain Juppé". "Je regrette qu'il donne un écho à un argument éculé de la gauche", a fustigé M. Sarkozy.
Il a justifié par la crise économique de 2008 les suppressions de postes, décidées "avec François Fillon", son Premier ministre et lui aussi candidat à la primaire. Quant à la réforme des renseignements généraux, elle ne concernait selon lui que "les renseignements politiques et syndicaux" et la fin des "notes blanches" non signées diffusées par les services au ministre de l'Intérieur et qui concernaient parfois, a rappelé M. Sarkozy, la "vie privée" d'hommes et femmes politiques.
M. Juppé avait aussi égratigné François Fillon, en forte hausse dans les sondages, mais dont le bilan des réformes entre 2007 et 2012 est, selon M. Juppé, "mitigé".
Un peu plus tard sur Radio J, le candidat a reconnu qu'il y avait "très certainement" une dynamique dans les sondages pour François Fillon.
"Il a fait un projet qui est un projet intéressant, même si je ne suis pas d'accord sur un certain nombre de promesses qu'il ne tiendra pas", a affirmé M. Juppé, citant la proposition de son rival de supprimer 600.000 postes de fonctionnaires.
"C'est une billevesée ! 600.000, c'est plus que le total des départs à la retraite dans les trois fonctions publiques dans les cinq ans qui viennent. Cela veut dire que pendant cinq ans, on n'aura aucun nouveau recruté. Vous ne connaissez aucune organisation qui peut vivre pendant cinq ans sans recruter un collaborateur nouveau", a-t-il critiqué.
Alain Juppé propose de réduire de 200.000 à 250.000 le nombre de fonctionnaires, via des non-remplacements de départs à la retraite.
Le candidat a en revanche été fort aimable avec la seule femme candidate de cette primaire, Nathalie Kosciusko-Morizet, se réjouissant de sa présence parmi six candidats masculins. "NKM, j'ai beaucoup de sympathie pour elle", a-t-il insisté.
Une femme pourrait-elle diriger Les Républicains s'il emportait la primaire? "Pourquoi pas". "Moi, je ne veux pas faire de démagogie, mais je suis très attaché au principe de l'égalité hommes-femmes et donc, je m'efforcerai de l'appliquer mieux que par le passé, à la fois dans le gouvernement, si je suis président, et dans les instances du parti", a-t-il dit.