Gendarmes tués à Saint-Just (Puy-de-Dôme) : les armes à feu au cœur du funeste parcours du forcené

L'arsenal retrouvé aux côtés de Frédérik Limol, dont les balles ont tué trois gendarmes à Saint-Just, mardi dernier, pose question. Ceux qui ont côtoyé ce féru d'armes à feu évoquent un tireur sportif sans problème.

Stupéfait. Claude Cunin, président du club de tir de Salon-de-Provence, est resté bouche bée en apprenant la mort brutale des trois gendarmes d’Ambert sous les balles de Frédérik Limol. Le forcené de Saint-Just, retrouvé avec un fusil d’assaut, un pistolet et des couteaux à la ceinture, était l’un de ses 414 licenciés.

« Il avait intégré notre club avec beaucoup de sympathie, beaucoup de convivialité. Tout le contraire de ce qu’il a fait… »

C’était en 2013. Soit un an après le basculement supposé de ce quadragénaire, alors Salonnais, dans la violence et le survivalisme, tel que l’a raconté sont ex-compagne. Une évolution énigmatique et inquiétante, où les armes à feu tiennent une place importante.

Frédérik Limol, fraîchement licencié, aurait d’abord opté pour une arme d’épaule de catégorie C. « Après quoi, en 2017, il a fait une demande pour des armes de catégorie B, un peu plus compliquées et soumises à une autorisation de la préfecture. Il nous a dit l’avoir obtenue en 2018. Entre-temps, il avait déménagé dans le Massif central. »

Aux côté de gendarmes ou de policiers

Malgré la distance, l’ancien informaticien reconverti dans l’élagage reste fidèle au club de Salon-de-Provence. En 2019, il vient encore y faire, sans aucun problème, ses trois tirs de contrôle obligatoires.  Avec sa compagne, tireuse et licenciée du club elle aussi. Et aux côtés de gendarmes, policiers ou militaires, nombreux à fréquenter les stands de Salon-de-Provence.

« Quand vous pensez, avec les liens que nous avons avec ces derniers, que l’un de nos tireurs a pu accomplir un geste aussi monstrueux », s’interroge encore Claude Cunin. "Après, il y a plein de chose que l'on ne maîtrise pas. Je ne suis pas derrière la tête des adhérents, dans le privé."

Autres personnes à avoir vu Frédérik Limol une arme à la main : les chasseurs de Saint-Just.

Un chasseur "plutôt discret"

« Il a pris son permis en arrivant dans le village », se souvient le président de la société de chasse de la commune. « C’était quelqu’un de tout à fait poli, agréable à côtoyer. Mais plutôt discret. Il ne parlait pas beaucoup et on ne savait pas trop d'où il venait. » Les chasseurs de Saint-Just n’auront pas l’occasion d’en connaître davantage sur ce nouvel adhérent.

« Il est venu une fois ou deux et puis on ne l’a plus revu. On sentait qu’il n’était pas emballé par la chasse.

Les tirs de Frédérik Limol continueront néanmoins de résonner à Saint-Just. Mais dans sa résidence aux allures de camp retranché. « Il avait installé une cible au fond de son terrain. On ne s’est pas affolé. On savait qu’il faisait partie d’un club de tir. Et jamais on aurait pu imaginer le drame qui allait survenir. »

Olivier Choruszko