Le groupe Gallimard rachète les Éditions de Minuit
Fondées dans la clandestinité en 1941, les Éditions de Minuit ont été l'éditeur de Marguerite Duras ou encore du prix Nobel de littérature de 1969 Samuel Beckett. Elles étaient jusqu'alors contrôlées par la famille Lindon. Le groupe d’édition Madrigall, maison-mère de Gallimard, a annoncé, ce mercredi 23 juin, les avoir rachetées, mettant fin à plus de 80 ans d'indépendance.
« L’âge venant, il fallait que je pense à l’avenir de la maison, de ses collaborateurs et de ses auteurs (…) C’est donc naturellement que je me suis tournée vers Antoine Gallimard dont le catalogue et les librairies sont un modèle de la profession et qui assure depuis plusieurs années par l’intermédiaire du CDE-Sodis notre diffusion-distribution auprès des libraires », a expliqué Irène Lindon, présidente des Éditions de Minuit, âgée de 72 ans.
C'est pourquoi, « Irène Lindon et Antoine Gallimard, président de Madrigall, ont conclu un accord cédant la direction des Éditions de Minuit à Madrigall dès le 1er janvier 2022 », ont annoncé les deux sociétés ce mercredi. Si les termes financiers de l’accord sont pour le moment gardés confidentiels, nous connaissons d'ores et déjà l'identité du nouveau directeur éditorial de Minuit, Thomas Simonnet, directeur de collection chez Gallimard.
La coutume voudrait que les Éditions de Minuit conservent leur indépendance éditoriale, et c'est ce qu'a promis Antoine Gallimard. « Nous nous attacherons à faire vivre le catalogue de Minuit avec une continuité d’intention. Nous veillerons à ce que son lien privilégié avec la librairie soit entretenu », a-t-il confirmé.
Jérôme Lindon, le fondateur de Minuit, est rapidement devenu l’un des plus grands éditeurs de la littérature française. L'histoire des Editions de Minuit a commencé avec la parution du livre Le Silence de la mer du résistant Vercors en 1941, puis avec la parution de ce qui deviendra le catalogue le plus prestigieux jamais publié. « J’estime vos efforts et votre goût. Je vous envie parfois d’être libre et de savoir l’être », écrivait Gaston Gallimard, le grand-père d’Antoine, à Jérôme Lindon en 1959, aime à rappeler les deux maisons.