Commercialisation des produits naturels au Canada : ajourner la réforme ?
L’Association canadienne des produits naturels (ACPN) appelle de tous ses vœux un avancement du calendrier des réformes proposées dans la commercialisation de ces produits, en raison des failles qui ont été récemment mises en évidence par le vérificateur général du Canada.
Réagissant à notre article sur cette question, le président de l’ACPN, David Pelletier, a dit reconnaitre les défaillances soulignées par le vérificateur général du Canada, et exprimer son souhait qu’elles donnent lieu à des actions concrètes.
M. Pelletier a affirmé l’intérêt et la volonté des petites et moyennes entreprises québécoises du secteur à contribuer aux efforts qui vont mener aux réformes nécessaires à l’assainissement des pratiques commerciales.
Mais, il a mis en garde contre un projet de règlementation de l’Étiquetage en langue claire (ÉLC) qui aura pour conséquence une surcharge des informations sur les étiquettes des produits naturels. Cela pourra davantage perturber le marché, le consommateur et l’environnement, et ce, à plusieurs égards :
- suremballage des produits : les étiquettes devront être surdimensionnées pour contenir des informations supplémentaires, les bouteilles devront également être plus grandes. Une empreinte environnementale va certainement découler d’une telle démarche;
- augmentation des coûts liée à plusieurs facteurs : des étiquettes géantes exigent de nouveaux investissements en argent tout comme la modification des contenus et la reconfiguration des espaces de vente dans les pharmacies et autres lieux de distribution. Il faut également compter avec des frais additionnels pour le transport;
- réduction de la variété des produits naturels accessibles : pour que les modifications proposées par le vitrificateur général du Canada soient effectives, il va falloir que les fabricants mènent des études, ce qui nécessitera des fonds supplémentaires. Du coup, on redoute que les consommateurs au Canada n’aient plus accès à certains produits par la suite, parce que les investissements en recherche n’auront porté que sur des cas pertinents.
Par ailleurs, le président de l’ACPN attire l’attention sur le fait qu’une réforme de l’étiquetage ne saurait résoudre toutes les pratiques illicites dans ce secteur. Les fabricants de faux produits naturels ou des produits qui ne répondent pas aux normes pourront poursuivre leurs activités au Canada et ailleurs dans le monde. Il soutient que les vendeurs ont un rôle à jouer à ce niveau.
« Les points de vente traditionnels, détaillants et grossistes, exercent habituellement un contrôle supplémentaire avant de rendre disponibles des produits naturels sur leurs tablettes pour vérifier que l’étiquetage est conforme aux règles de Santé Canada », a-t-il soutenu.
L’ACPN recommande que la réforme envisagée prenne en compte quelques éléments technologiques, à l’instar du Code QR. Il s’agit d’un code à barres qui sert à présenter des compléments d’information, en accompagnement des informations en première ligne qui éclairent déjà les consommateurs dans leurs choix.
Sa bataille contre la réforme de l’étiquetage non fondée sur des données probantes ne date pas d’hier. Malgré une mobilisation tous azimuts de l’industrie des produits naturels contre cette réforme considérée comme un boulet pour les PME du Québec, malgré les impacts multiples de la COVID-19 sur leurs activités, les initiatives des autorités en faveur de cette réforme semblent aller de l’avant.
Nous avons participé à de nombreuses séances de consultations avec les intervenants de la direction des produits de santé naturelle et médicaments sans ordonnance (DPSNSO), présentant des étiquettes afin de faire comprendre l’impact du surdimensionnent des emballages […] Les mesures proposées n’étaient pas appropriées avant la COVID. Nous avons été surpris de constater que la mise en application se poursuivait, comme si de rien n’était, considérant le fait que beaucoup de PME ont subi les effets négatifs de la COVID-19 .David Pelletier, président de l’ACPN
Malgré d’autres actions de l’industrie auprès du ministère de la Santé en mars dernier, l’absence de réponse représente un motif d’inquiétude pour les acteurs qui craignent de devoir subir des contrecoups extrêmement dévastateurs pour la survie de leurs entreprises.
Le report de la réforme apparait de ce fait comme une véritable bouée de sauvetage. Mais, dans un contexte où circulent toutes sortes de théories complotistes, avec le décès d’un homme atteint d’une maladie grave au Québec, qui a délaissé sa trithérapie au profit de produits naturels, les autorités entendront-elles les appels de l’industrie?
Il faut préciser que le projet de réforme de la commercialisation des produits naturels est envisagé depuis quelques années. Il visait au départ l’harmonisation à large échelle des normes d’étiquetage couvrant entre autres, les médicaments en vente libre, certains produits cosmétiques, dentifrices et autres aliments (barres, Shake). Citant la Gazette 1, l’ACPN soutient que cette fois, ce projet de réforme serait sur le point d’être présenté et potentiellement adopté, d’où leur cris du cœur en vue du report.
Selon un communiqué de presse de l’ACPN
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