En selle pour le Paris de la Belle Époque au château de Chantilly

Les Jeux Olympiques ont inspiré à la compagnie équestre du château de Chantilly Un jour à Paris, un spectacle au cœur de la Belle Époque qui prend place à l’intérieur d’un véritable monument historique, le dôme des Grandes Écuries.

Sous le dôme monumental des Grandes Écuries du château de Chantilly, dans l’Oise, le flot de spectateurs se coule sur les gradins, les yeux rivés sur le cercle de poussière au centre de l’édifice. Construites à la demande du petit-fils de Louis XIV, Louis-Henri de Bourbon, 7e prince de Condé, les plus grandes écuries princières d’Europe surprennent tant par leur taille que par leur élégance. Un véritable palais pour chevaux, bâti de 1719 à 1735.

Les lumières s’éteignent, le spectacle commence. Nous sommes à Paris en 1900, année de l’exposition universelle et des seconds Jeux Olympiques d’été. Au centre du cercle apparaît une cavalière au déshabillé d’un blanc aussi éclatant que la robe de son cheval. Assistée par un majordome échevelé, "Madame" se prépare à sortir tout en buvant son thé.

Un Paris équestre et idéalisé à travers une mosaïque de personnages

La seconde scène dépeint un Paris équestre et idéalisé à travers une mosaïque de personnages. Deux ramoneuses sur leurs fiers destriers, un vendeur de journaux et son mini-shetland, un homme-sandwich debout sur son cheval, une vendeuse de corsets tirant derrière elle un âne. Les tableaux s’enchaînent avec humour et légèreté.

La quinzaine de chevaux qui se croisent en musique au centre du dôme ont tous un tour dans leur sac

Dans ce Paris de la Belle Époque, on fait du badminton en selle et les serveurs font de la voltige, bouteille de champagne à la main. Ça virevolte, ça saute, ça trotte. La quinzaine de chevaux qui se croisent en musique au centre du dôme ont tous un tour dans leur sac.

Ça virevolte, ça saute, ça trotte

D’impressionnantes figures de dressage s’intercalent avec des exercices volontairement désopilants. Quand certains équidés se cabrent ou font la révérence, d’autres font mine de ne plus vouloir avancer ou s’assoient même à table pour le déjeuner. On se laisse guider par les artistes dans un débordement de plumes et de paillettes, de la rue au café, du cirque au cabaret et on retient son souffle, ému, lorsque, accroché à plusieurs mètres au-dessus du sol, l’acrobate entame son ballet.On retient son souffle, ému, lorsque, accroché à plusieurs mètres au-dessus du sol, l’acrobate entame son ballet.

Derrière le mime qui provoque des rires ou la voix mélodieuse de la cavalière et chanteuse Mathilde Pouteau qui incarne Madame, le spectateur observe une machine bien huilée. "C’est militaire, confirme Sophie Bienaimé, la directrice artistique et équestre du spectacle." En coulisses, où les animaux star se font bichonner, la femme à la tête des Grandes Écuries et du musée vivant du cheval pointe du doigt un grand tableau blanc recouvert de notes. Chaque intervention y est consignée "à la seconde près".

Une machine bien huilée

Les Grandes Écuries accueillent des représentations équestres depuis 1984 sous l’impulsion de l’écuyer Yves Bienaimé, le fondateur du musée et père l’actuelle directrice, qui a pris sa relève en 2006. Sa sœur, Virginie Bienaimé, est à la mise en scène. Chaque année, la compagnie du château de Chantilly produit trois spectacles différents, soit une centaine de représentations et environ 60.000 spectateurs. Un jour à Paris sera présenté jusqu’au 30 juin 2024, puis du 19 septembre au 31 octobre.

À la tête des Grandes Écuries et du musée vivant du cheval, Sophie Bienaimé est directrice artistique et équestre du spectacle."Il faut plus d’un an pour créer un nouveau spectacle, explique Sophie Bienaimé. Il faut trouver un thème qui plaise aux cavalières. J’ai fait les recherches puis, chacun a apporté ses idées. C’est très collaboratif." Pour 2024, l’inspiration est naturellement venue des Jeux Olympiques pour raconter ce Paris de 1900 où le cheval détenait une place prépondérante dans la vie quotidienne. "Il faut déjà commencer à penser au spectacle qu’il y aura dans deux ans, confie la directrice des lieux, tout sourire."

Dans la cour des remises des Grandes Écuries, il suffit d’un regard à l’opposé du dôme, de l’autre côté de deux majestueux bustes équins en métal, pour retrouver l’entrée du musée vivant du cheval. À l’intérieur, quinze salles décryptent l’évolution de l’animal dans toutes les civilisations à travers une collection d’œuvres d’art et d’équipements équestres en partenariat, notamment, avec Hermès. Un dernier passage devant les boxes permet de dire au revoir aux chevaux qui nous ont, l’espace d’un instant, transportés dans une autre époque.À l'intérieur du musée vivant du cheval, quinze salles décryptent l’évolution de l’animal dans toutes les civilisations

Dehors, la silhouette du château de Chantilly se reflète dans l’eau de ses douves. Une invitation à poursuivre la visite dans la demeure des princes de Condé.

Spectacle Un jour à Paris, jusqu'au 31 octobre aux Grandes Écuries du château de Chantilly (Oise). Plein tarif 24 €, tarif réduit (3 à 25 ans) 19 €. Billet château, parc et spectacle 32 €, tarif réduit 26 €.

Informations et réservations sur le site du château de Chantilly. 

Le château de Chantilly et ses collections

Au détour d’un virage, il dévoile aux yeux des automobilistes son profil Renaissance. Façonné au gré des siècles par ses différents propriétaires, le château de Chantilly, indissociable des célèbres écuries construites sur son domaine, garde surtout la trace d’un homme, Henri d’Orléans (1822-1897), duc d’Aumale et fils du roi Louis-Philippe. Il hante encore les murs de la demeure des princes de Condé à travers ses collections.

Peintures, enluminures, antiquités, statues et galeries peignent un portrait éclectique du château et de son dernier propriétaire.Peintures, enluminures, antiquités, statues et galeries peignent un portrait éclectique du château et de son dernier propriétaire. Ce dernier a en effet légué l’ensemble du domaine à l’Institut de France, sous le nom de musée Condé en l’hommage à ses prédécesseurs. Des marqueteries élégantes de sa chapelle à l’atmosphère feutrée du cabinet des livres (photo ci-contre) en passant par la galerie des cerfs et sa table préparée pour le déjeuner, chaque pièce a sa propre histoire, que les collections racontent parfois avec opulence et d’autres fois avec retenue.L'atmosphère feutrée du cabinet des livres.

Pratique

Pour une journée. Outre les Grandes Écuries, leur musée vivant du cheval et l’hippodrome attenant, le château de Chantilly possède également un grand parc comprenant plusieurs pépites. La commune est également à deux pas, il suffit de passer sous l’arche des Grandes Écuries pour se retrouver dans le centre-ville de Chantilly. Avis aux amateurs, la fameuse crème à laquelle la ville a donné son nom est de tous les menus.  Pour un week-end. À deux pas de Paris, l’Oise possède d’autres atouts parmi lesquels le Parc Astérix, la mer de sable située en forêt d’Ermenonville ou encore la cité médiévale de Senlis. Le château de Chantilly n’est par ailleurs pas le seul monument historique remarquable du département picard. Les châteaux de Pierrefonds et de Compiègne se visitent également.

Textes Myriam LebretPhotos Marion Boisjot