Homophobie : le message est passé au Lycée Albert-Londres
Vendredi 17 mai, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l’homophobie, la transphobie et la biphobie, des élèves du lycée Albert-Londres ont interprété neuf saynètes de sensibilisation à leurs camarades de 1ère année, pour les sensibiliser aux conséquences du harcèlement homophobe.
Le projet n’était pas obligatoire, pourtant l’ensemble de la classe a tenu à s’y impliquer : cette année, les élèves de 1re du lycée Albert-Londres, spécialité humanité, littérature et philosophie, ont fait cause commune. Dans un contexte d’augmentation des actes de violence envers les membres de la communauté LGBT en France (+ 13 % en 2023 d’après le Ministère de la Justice), ils n’ont pas ménagé leur engagement pour partager, sans filtres, les conséquences dramatiques du harcèlement scolaire homophobe.
De l’écriture à la scèneÀ l’automne dernier, ils se sont tout d’abord lancés dans la rédaction de petites scènes de théâtre, mettant des mots sur le quotidien des jeunes victimes. L’objectif : faire comprendre l’enfer de leur vécu, et fournir des clés aux potentiels harcelés pour s’en sortir. « Au début, j’ai voulu participer parce que j’aime l’écriture et le théâtre, témoigne Blandine. Mais ça m’a appris que c’était une belle cause à défendre, et que les conséquences pouvaient être graves. »Neuf élèves ont écrit, mis en scène et interprété les saynètes pour sensibiliser leurs camarades.
Accompagnés par leur professeure Mme Gallon, Bénédicte Rollet, membre de la Cie Coche-Cuche Théâtre, et Hervé Morton, de Bonzaï Théâtre, ils ont ensuite mis en scène neuf séquences, dont ils donnaient hier plusieurs représentations.Allant d’échanges instructifs entre une adolescente transgenre et un camarade blessant malgré lui, à des actes de violence physique et verbale envers un jeune homme gay, poussant au suicide de ce dernier, les thématiques abordées n’ont laissé personne indifférent.
Ylan fait lui aussi partie du groupe d’auteurs et acteurs : « Je suis homosexuel, donc j’étais déjà sensibilisé à la question, mais ce projet m’a appris les postures à adopter face à un potentiel harceleur. Maintenant, je sais comment réagir. »
Un procès reconstituéMoment fort de la représentation, un procès visant un trio de jeunes agresseurs a été reconstitué. Elsa Aussavy, juge d’instruction, et Maître Chloé Bargoin, avocate au barreau de Cusset, s’étaient ainsi portées volontaires pour interpréter leurs propres rôles, et rendre la scène pesante de vérité. Effet garanti : la plaidoirie de l’avocate s’est déroulée dans un silence de plomb : « Un enfant a été tué à cause du manque de tolérance. On ne peut pas laisser véhiculer cette haine envers l’autre. Que ça serve de leçon, pour qu’on puisse se diriger vers une société plus à l’écoute de la différence. »Maître Chloé Bargoin, avocate au barreau de Cusset, interprétait son propre rôle.
Mina et Mila, élèves en seconde générale présentes dans le public, mesuraient tout à fait l’enjeu de la sensibilisation : « C’est super important. On est compatissantes envers les victimes… On se dit surtout que même si on n’adhère pas à la cause, on peut être respectueux quand même. »
Cet ambitieux programme tenait particulièrement à cœur à Wilfried David, proviseur adjoint du lycée : « On a choisi de parler de harcèlement. On le fait beaucoup, et on continuera de le faire. »
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Le droit d’aimer et d’être aiméChef d’orchestre du dispositif, il a souhaité l’inscrire de manière positive dans l’esprit des lycéens : « On a donné un papier de couleur à chaque élève, en leur demandant d’écrire un message positif à la fin », l’ensemble de ces messages colorés reconstituant un drapeau LGBT. Tout aussi positivement, il a conclu son intervention auprès des jeunes en rappelant qu’« une personne LGBT est comme les autres, elle a le droit d’aimer, d’être aimée, et de s’aimer comme elle est. »
Sandrine Gras
Photos Renaud Baldassin