A la médiathèque Samuel-Paty, à Moulins, tout le Bourbonnais grandeur nature
Vous pensez connaître la nature bourbonnaise ? Il n’est pas exclu que vous remettiez en question l’étendue de vos connaissances sur le sujet après avoir visité l’exposition de Frank Pizon à la médiathèque Samuel-Paty, à Moulins.
Saviez-vous que la huppe fasciée, le lièvre d’Europe, le triton alpestre, le crapaud sonneur à ventre jaune, la limace grande loche ou le hibou grand-duc peuplaient nos contrées ? Par l’entremise d’images d’une exceptionnelle qualité, Frank Pizon a capté la multiplicité et la beauté d’une faune bourbonnaise méconnue, voire inconnue du grand public.Chevreuils, grues cendrées, balbuzards pêcheurs, cerfs élaphes… Si d’autres espèces nous sont plus familières, le photographe animalier maîtrise l’art consommé de nous les révéler sous des angles originaux. Frank Pizon concilie parfaitement une vision pleine de hauteur de l’environnement et le sens prononcé du détail. Une façon de nous dire que l’infiniment petit se cache dans l’infiniment grand et inversement.On ne pensait pas s’extasier, un jour, devant la fluorescence orangée d’un gastéropode immortalisé en gros plan… C’est fait. Val de Cher, gorges de la Sioule, bocage bourbonnais, val de Besbre (entre autres), Frank Pizon présente également toute la mosaïque des paysages qui composent notre département. L’ensemble constitue une ode à l’environnement et au vivant.
Franck Pizon Exposition La vie animalière du Bourbonnais a la médiathèque de Moulins. Photos Séverine TREMODEUXLe concept de l’expositionFrank Pizon propose un voyage dans la nature bourbonnaise en montrant à la fois la multiplicité des paysages (ambiances bocagères, solognote, de la Combraille, bords de rivières, forêt domaniale…) et la diversité des animaux qui les habitent (mammifères, reptiles, oiseaux…).« L’idée de cette exposition, c’est de contribuer à faire découvrir tous ces visages-là, résume-t-il. Quand on est photographe animalier, on vit toujours des rencontres surprenantes. Mais plutôt que de les garder pour moi, ce qui m’intéresse, c’est de les partager. Je me vois comme un passeur d’images ».Une partie de la faune qu’il présente est assez méconnue car peu facile d’accès. Même pour un expert comme Frank Pizon. D’où de nombreux repérages au préalable et l’utilisation de techniques photographiques bien spécifiques : « Par exemple, pour mettre en valeur le crapaud sonneur à ventre jaune, une bestiole assez surprenante, j’ai utilisé un caisson subaquatique afin d’obtenir la lumière que je souhaitais. Quand on a des intentions esthétiques comme ça, on peut passer de longues heures pour arriver à ses fins ».Chaque photographie est accompagnée d’un texte explicatif.
Le gros plus de l’expositionFrank Pizon propose un voyage dans la nature bourbonnaise en montrant la diversité des animaux.
Pour aller plus loin que les photos, on peut se pencher sur une série de plusieurs vitrines qui expliquent comment Frank Pizon travaille : « Il y a énormément de paramètres à maîtriser, souligne-t-il. Dans l’expo, je montre la démarche qui va des repérages des biotopes de l’Allier jusqu’aux premières approches photographiques, en passant par les premières prises de vue, la sélection des images, les premiers développements des photos avec la colorimétrie. En fait, je montre l’envers du décor de mon travail dont je détaille toutes les étapes allant jusqu’à la conception de mes livres ». Intitulé « Le cerf au brame », son prochain ouvrage paraîtra à la fin de l’été 2024.
Son animal préféré du BourbonnaisFrank Pizon propose un voyage dans la nature bourbonnaise en montrant la diversité des animaux. « Tous », vous répondra Frank Pizon : « J’aime la totalité des espèces, je n’en déteste aucune, en tout cas ». Avec un petit coup de cœur pour le… blaireau : « Il a une vie familiale intense, assez mystérieuse, il vit dans des terriers et sort souvent quand vient la pénombre. On l’appelle le petit ours de nos campagnes, c’est une espèce agréable à fréquenter ».Petite prédilection également pour la genette : « Elle ressemble à un gros chat. C’est un animal que l’on voit très peu. On la rencontre davantage dans le sud de la France, mais on commence à l’apercevoir dans le Bourbonnais ».
Ses règles d’or dans son travailPour Frank Pizon, il y en a une essentielle : « Me faire plaisir ! Si on ne se fait pas plaisir, on peut difficilement communiquer une émotion au public. Quand on prend et qu’on ne veut pas donner aux autres, cela se ressent dans les images. Je suis animé par l'envie de partager les choses que je vis et de les transmettre aux gens pour qu’ils se les approprient ».Sa deuxième règle d’or ?
« Apporter de l’évasion. On vit dans des contextes anxiogènes où la nature est souvent présentée d’une façon beaucoup trop stressante. On en parle plus en termes de tonnes de CO2 qu’en termes d’émotions et d’esthétique. Moi, ce sont ces aspects émotionnels et esthétiques qui m’intéressent. Car, à mon sens, on ne peut parler de protection de la nature qu’à condition d’avoir installé une relation charnelle avec l’environnement. Renouer du dialogue avec le vivant, c’est donc un enjeu fondamental dans nos civilisations. Et c’est là que l’image peut jouer un rôle important ».
Pratique. « De la photographie aux livres », l’exposition de Frank Pizon est visible à la médiathèque communautaire Samuel-Paty, à Moulins, jusqu’au 28 septembre (gratuit).