"Pas question pour nous de tomber dans le piège" : Olivier Marleix, président du groupe LR à l'Assemblée, boycotte l'invitation du gouvernement au ministère de l'Économie
Le député de Dreux, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, fustige une démarche destinée "à faire assumer des mesures impopulaires à l’opposition". Il ne s'est pas rendu au ministère de l'Économie et des Finances, ce jeudi 28 mars 2024.
Pas question pour Olivier Marleix de se rendre à l’invitation du gouvernement, ce jeudi 28 mars, à Bercy. Le président du groupe LR à l’Assemblée nationale s’en est durement pris, mercredi 27 mars 2024, à Gabriel Attal, le Premier ministre, lors de la séance des questions au gouvernement. Il persiste et signe dans une condamnation sans appel de la politique budgétaire menée par Emmanuel Macron et son gouvernement.
Pourquoi ne pas être allé à Bercy, ce jeudi 28 mars ? Cela fait sept ans qu’on dit au gouvernement qu’il va dans le mur et qu’il n’entend rien. Aujourd’hui, il fait semblant de demander des conseils aux parlementaires de l’opposition pour leur faire assumer les mesures impopulaires qu’il a l’intention de prendre. Pas question pour nous de tomber dans le piège. Il ne fallait pas dépenser sans compter.
"C’est un peu comme un conducteur à qui l’on dirait de ne pas boire (ou plutôt pour ce qui concerne nos ministres de ne pas prendre de l’ecstasy, c’est plus moderne) avant de prendre le volant, qui n’écoute pas, se retrouve dans le fossé et nous demande de sortir la voiture accidentée. Pas question !"
Pendant sept ans, qu’avez-vous essayé de proposer ?Il faut en priorité réduire les dépenses de l’État. En 2024, elles représentent un déficit de 173 milliards et Gabriel Attal, le Premier ministre, annonce des économies sur l’assurance chômage alors qu’elle est en excédent de 1 milliard... Que l’État réduise, d’abord, son train de vie. Nicolas Sarkozy avait commencé à le faire. Le problème, c’est qu’il a confié le travail à l’administration centrale qui a fait des coupes en bout de chaîne alors qu’il fallait attaquer par le haut. Que l’on commence par ne pas remplacer les hauts fonctionnaires qui partent en retraite et dont certains coûtent 300.000 € par an à l’État.
Quelles sont les mesures qui vous inquiètent ?Les mesures proposées vont peser sur les Français les plus faibles. Celles qui concernent la santé, par exemple, pèsent sur les Français dont les tarifs de mutuelles explosent. La réforme de l’assurance chômage va frapper notamment les gens de plus de 50 ans qui perdent leur emploi. Pour les indemnités chômage, on peut jouer sur trois leviers : le temps d’activité nécessaire pour avoir droit à des indemnités, on peut exiger 12 mois d’activité sur 24 mois comme la plupart de nos voisins. J’y suis favorable. Il y a ensuite le montant des indemnités et la durée d’indemnisation. Le gouvernement veut faire passer cette durée de 18 mois à 12 mois pour tous.
"On va se retrouver avec des gens de plus de 50 ans qui seront au RSA, donc qui ne cotiseront plus pour la retraite et qui n’arriveront donc jamais à avoir une retraite à taux plein même en ayant travaillé toute leur vie."
C’est pour cela qu’Éric Ciotti, président de LR, propose une motion de censure ?Ce n’est pas vraiment la question. L’important est d’expliquer aux Français qu’Emmanuel Macron n’a rien d’un Mozart de la finance puisque nous sommes le seul pays européen à afficher d’aussi mauvais résultats. Il faut leur expliquer que pour Bruno Le Maire (ministre de l'Économie et des Finances, NDLR), il y a les bonnes dépenses, celles de l’État, et les mauvaises dépenses, celles du social, ce qui revient à taper sur les plus faibles. Mais aussi leur expliquer que ce n’est pas avec les "y'a qu’à", "faut qu’on" de Mme Le Pen qui prône la retraite à 60 ans, qu’on va réduire le déficit de la France.
Propos recueillis par Valérie Beaudoin