Le bar clermontois "Le Renaissance" cultive l'esprit de quartier
Rue des Petits-Gras, le Renaissance est une institution dans cet endroit à part qui n’est pas vraiment un quartier mais qui résiste bien au règne sans partage de la grande place de Jaude.
Le Renaissance ! Ce bar porte bien son nom, lui qui a accumulé plus d’une demi-douzaine de patrons successifs qui ont pour la plupart plutôt bien réussi leur acclimatation sans jamais dénaturer l’esprit du lieu. À quand remonte-t-il ? Nous en avons retrouvé des traces près d’un siècle en arrière sans que rien ne soit très précis. Ce qui est sûr, comme en atteste une vieille photo affichée dans le bar, c’est qu’en 1950, il s’appelait l’Hôtel bar tabac du théâtre, en référence au théâtre tout proche.
Garder l’esprit du lieuL’hôtel a disparu depuis longtemps, mais le reste n’a pas bougé, jusqu’à la fréquentation par le personnel et les clients du théâtre : « Ils viennent souvent ici, comme les gens de la préfecture qui travaillent à quelques mètres de là, ou les musiciens de la fanfare », explique le nouveau patron François Agosinho, qui a eu la chance, ou l’intelligence, d’arriver pile au bon moment, juste quand s’achevait la terrible crise de Covid qui a tant fait souffrir les bars.
Le bar du Bon accueil
Le bar a toujours bien fonctionné, et François n’a pas été déçu : « Je suis en progression. Je n’ai pas à me plaindre et ma clientèle est comme je l’espérais. Je voulais un bar à l’ancienne. Surtout pas un bar à thème comme c’est à la mode depuis de nombreuses années. Non, un bar comme autrefois où les gens se rencontrent, partagent, font connaissance, et c’est exactement cette clientèle que j’ai réussi à la fois à garder et à attirer. Et je crois que de ce côté-là, j’ai plutôt bien réussi. Ma clientèle est variée, agréable, avec des jeunes, des adultes, quelques anciens. Je vois de tout. C’est pour ça que j’ai installé le PMU. Ça rapporte peu, mais ça attire les gens qui discutent entre eux. La journée commence en général avec les commerçants du quartier qui viennent prendre leur café. Pour moi, c’est très important. Ça donne un esprit de corps à tous ces gens qui, comme moi, font vivre ce quartier. Puis viennent les joueurs de tiercé. Les cafés du midi arrivent ensuite et en fin de journée, place aux jeunes dont beaucoup viennent pour la salle de fléchettes qui marche très bien. Sans oublier les fumeurs qui passent toute la journée pour acheter leurs cigarettes ».
Anant Le Renaissance, François a travaillé dans le monde de la nuit : l’Arlequin de Pablo pour commencer, puis une longue collaboration avec Boudu au Phidias, au Boudu’s bar, au B.Box et à l’Atelier. Photo Remi DugneCar François le reconnaît d’emblée : « Aujourd’hui, pour un établissement comme le mien qui ne ferait que bar, sans le tabac, ça serait sans doute très difficile. Le tabac est un vrai produit d’appel ».François prend la vie du bon côté. Même les travaux n’ont pas réussi à effacer son sourire. « Même si j’ai senti une baisse. Certains ne peuvent plus venir, Mais bon, ils reviendront. J’ai confiance ! »
Arnaud Vernet