Depuis le départ de Grand Frais, rien ne va plus entre les copropriétaires du 16 avenue de Locarno à Limoges
Les conflits de voisinage ne sont pas l’apanage des particuliers, les commerçants aussi se disputent. C’est le cas au 16 de l’avenue de Locarno à Limoges. Entre la SARL Limoges Loc et Aldi, rien ne va plus.
Préservatifs usagés, emballages de produits alimentaires, canettes de soda, bouteilles d’alcool, excréments d’animaux, roue de voiture… Le parking du “petit centre commercial” de l’avenue Locarno à Limoges a des allures de décharge publique. Des détritus jonchent le sol. Et depuis peu, des blocs de béton empêchent l’accès à une partie des places de stationnement. Un environnement guère engageant pour les consommateurs. Et un point de crispation entre les deux copropriétaires, la SARL Limoges Loc et Aldi.
La société Limoges Loc possède, au 16 avenue de Locano à Limoges, environ 1.300 m² de locaux commerciaux qui étaient jusqu’au 15 octobre occupés par l’enseigne Grand Frais, ainsi que deux petites cellules. À côté, les quelque 600 m² restant sont la propriété du magasin Aldi.
Suite au départ de Grand Frais (route du Palais-sur-Vienne), l’enseigne Aldi a souhaité racheter le reste de la copropriété. « J’ai fait une très belle proposition à monsieur Boyer (de la SARL Limoges Loc) car j’avais un joli projet de réhabilitation pour le quartier. Raser l’existant et reconstruire un bâtiment neuf aux normes actuelles comme ce qu’Aldi fait ailleurs (notamment à Saint-Yrieix-la-Perche). Il a refusé, c’est son droit, et a profité de mon offre pour faire grimper les prix de son loyer en se rapprochant de l’enseigne Action. Dans le cadre d’accords nationaux entre mon enseigne et Action, je lui ai demandé de ne pas se positionner, mais voilà, c’est comme ça », explique Sylvain Charrier, responsable immobilier chez Aldi.
« Comme je ne voulais pas me soumettre et ne pas leur vendre mon bien, ils ont décidé de me pourrir la vie en laissant le parking se dégrader », rétorque de son côté Gérard Boyer, le patron de Limoges Loc.
Saleté et prostitutionCe que dément Sylvain Charrier. Selon lui, le problème, c’est qu’Action aurait souhaité prendre la place de Grand Frais en conditionnant sa venue à la privatisation d’une partie du parking. Mais l’utilisation du parking est indivisible. En d’autres mots, les places de stationnement appartiennent aux deux copropriétaires sans distinction.
Ce parking est donc au centre de la discorde entre les deux hommes. « Il est dans un état lamentable de saleté. Il y a des voitures ventouses qui y restent toute la journée, voire plus. Il y en a une qui est restée trois semaines, et j’en ai dénombré plus de soixante-dix un dimanche après-midi, sûrement des clients qui attendent l’ouverture d’Aldi lundi matin », ironise Gérard Boyer, qui a même fait constater par huissier ce qu’il avance.
Parmi ce qu’il reproche à Aldi : « laisser ce parking devenir un haut lieu de prostitution et une décharge à ciel ouvert ; avoir détruit un espace végétalisé pour y disposer des “casiers” Mondial Relais et s’être enrichi sur le dos de la copropriété en ayant laissé occuper quarante places de parking pendant deux mois et demi par la société ALLEZ ».
« J’avais proposé de mettre une barrière afin de réserver le stationnement aux seuls clients, comme ça se fait ailleurs. Mais ils n’ont pas voulu », ajoute-t-il, contrarié.
Constats d’huissierSylvain Charrier prend une à une les accusations de Gérard Boyer pour y répondre. « Sur la saleté, je suis 100 % d’accord avec lui. Désignons un syndic qui va missionner une société de nettoyage que nous payerons chacun à la hauteur de notre part. On ne va pas prendre le nettoyage entièrement à notre charge alors que le parking est en copropriété, s’insurge le responsable immobilier Aldi. Pendant vingt-cinq ans, il n’y a eu aucune réunion de copropriété, aucun syndic n’a été nommé, tout se faisait en interne et en intelligence avec Grand Frais. Gérard Boyer, lui, ne faisait qu’encaisser l’argent. »
« Quant à la société ALLEZ dont il parle, nous ne l’avons jamais autorisé à stationner sur le parking. C’est faux. En revanche, nous avons construit un point Mondial Relay sans demander l’autorisation de la copropriété, c’est une grossière erreur de notre part. Mais ça ne justifie pas qu’il fasse n’importe quoi ! Et notamment privatiser en dehors de tout cadre légal un quart du parking. Il y a une semaine, il a “pété les plombs”. Il a condamné l’accès avec des blocs de béton d’une partie du parking et découpé à la scie circulaire une partie du trottoir », liste de son côté Sylvain Charrier.
Entre conciliation impossible, constats d’huissier, lettres recommandées, mails et mises en demeure, les choses ont donc dégénéré.
Seul point positif, les consommateurs friands de produits à moins d’un euro pourront se rendre dans leur magasin Action Locarno d’ici trois mois maximum.
Bientôt des caméras de surveillance
Du côté de la mairie, on ne souhaite pas commenter un conflit privé sur un parking qui l’est tout autant. En revanche, on assure que « la police municipale patrouille et que dans ce secteur, il n’y a pas plus d’insécurité qu’auparavant ». Toutefois, des « caméras de surveillance seront installées prochainement au rond-point de Locarno ».
Stéphanie Barrat