Un crâne identifié dans le "cimetière d'Émile Louis" : une nouvelle victime découverte ?
Un crâne retrouvé dans le "cimetière" d'Émile Louis a été identifié comme appartenant à Marie Coussin, une femme disparue en 1975. Le lien n'est pas clairement établi avec le tueur en série icaunais, indique le parquet d'Auxerre. Une découverte rendue possible par de nouvelles analyses ADN.
Un crâne retrouvé dans l'Yonne, dans le "cimetière" des victimes du tueur en série Emile Louis, a été identifié comme celui d'une femme jusqu'alors inconnue, a indiqué ce mercredi 6 mars 2024 le parquet d'Auxerre, une association de parties civiles estimant qu'il s'agit d'une nouvelle victime de l'assassin. L'Yonne Républicaine s'en était fait l'écho, en novembre 2023.
"L'ADN du crâne retrouvé et les recherches en parentèle permettent de considérer avec vraisemblance que l'ossement considéré appartiendrait à Marie Jeanne Ambroisine Coussin, née en 1935", a indiqué à l'AFP Hugues de Phily, procureur à Auxerre. Joint par téléphone, ce mercredi soir, le chef du parquet auxerrois précise que l'identification "date d'il y a plusieurs semaines".
Marie Coussin, une enfant de l'assistance qui vivait seule en foyer, avait disparu en 1975. Son foyer se trouvait sur le trajet qu'empruntait Émile Louis en tant que chauffeur de bus. Cette femme ne figurait pas sur la liste des sept victimes connues d'Émile Louis, interpellé en 2000 pour avoir tué ces jeunes handicapées de l'assistance sociale, entre 1977 et 1979. Condamné à la prison à perpétuité en 2004, puis une nouvelle fois en appel en 2006, il est mort en octobre 2013 à Nancy à l'âge de 79 ans. "L'enquête ne permet pas d'aller plus en avant pour le moment", a ajouté le procureur.
"C'est sûrement la huitième victime d'Émile Louis qui a été retrouvée", estime cependant Pierre Monnoir, président de l'Association de défense des handicapés de l'Yonne, qui représentent quatre parties civiles. M. Monnoir en veut pour preuve que le crâne a été retrouvé "entre les deux corps" de victimes d'Émile Louis. Le tueur avait indiqué cet endroit, mais seules les dépouilles de deux victimes, sur les sept connues, avaient été retrouvées en 2000. Celui qui a relancé l'affaire des disparues de l'Yonne précise, par ailleurs, à L'Yonne Républicaine que les proches de Marie Coussin ont été prévenus de l'identification "il y a près d'un mois".
L'avocat des parties civiles réclame de "nouvelles fouilles"Le président demande que, dorénavant, "on fouille toute la zone" où ont été retrouvés les restes, ce qui n'a pas encore été fait, s'étonne-t-il. Didier Seban, avocat spécialiste des "cold cases", les affaires non élucidées, et qui représente la famille Coussin, a indiqué à l'AFP avoir saisi le parquet pour demander une fouille extensive. "À l'époque, on avait insisté pour l'avoir, mais on nous avait opposé le manque de moyens", a-t-il dit.
"Une enquête est menée par la gendarmerie à propos des causes de ce décès, mais je ne compte pas communiquer sur les actes d'investigation", lui répond Hugues de Phily. Le magistrat estime même qu'à ce stade, il n'y a "aucune raison de faire un lien quelconque avec Émile Louis" faute d'éléments objectifs. "Cette jeune femme (Marie Coussin, ndlr) n'était pas dans nos radars, mais il y a tout de même des questions à se poser. Il est facile de savoir dans quel centre, se trouvait-elle, et si elle a été ramassée par le car d'Émile Louis. Il faut travailler sur le dossier. On ne va quand même pas retomber dans les années 1990-2000", se désole Pierre Monnoir, ce mercredi soir, tout en rappelant "avoir confiance en la justice".
Le crâne avait été découvert en décembre 2018 à Rouvray (Yonne). Les enquêteurs avaient alors espéré qu'il s'agisse d'une des victimes non encore retrouvées, mais l'analyse ADN n'avait rien donné. La série La Conspiration du silence s'était penchée sur cette découverte, lors de la deuxième saison, diffusée sur France Télévisions.
Des années plus tard, les progrès scientifiques aidant, une nouvelle recherche avait été rendue possible, mais cette fois basée sur l'ADN "de parentèle". "L'ADN du crâne a été comparé avec des descendants présumés", précise Hugues de Phily. Cette méthode permet de relier une empreinte génétique avec d'autres issues de la même parenté afin d'en vérifier la conformité avec celles présentes dans le Fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG).
Alexis Gaucher, avec l'AFP