À seulement 20 ans, elle est devenue... dentiste pour les chevaux dans le Puy-de-Dôme
Installée à Courpière (Puy-de-Dôme) et spécialisée comme technicienne dentaire équin, Colline Gery a réussi à intégrer sa passion pour le cheval à son quotidien, avec un métier peu commun. Rencontre.
Colline Gery, 20 ans, est passionnée par le monde équin depuis son plus jeune âge. Depuis qu’elle a appris à monter à cheval, elle a développé un amour profond pour ces animaux.
"Je monte à cheval depuis petite, et la passion m’est venue naturellement, explique-t-elle. Suite à un accident de la vie, mon père a sauvé une jument qui venait de perdre sa mère. Et elle a bouleversé ma vie dans tous les sens. De là est née une relation très fusionnelle."
Une passion transmise lors du soin de son chevalEt c’est en prenant soin de son deuxième cheval, un peu plus tard, qu’une autre révélation va chambouler sa vie et tracer son destin. "Il avait une “dent de loup”, soit la première prémolaire qui crée une gêne lors du contact avec le mors, précise la cavalière. Monté, je rencontrais des difficultés, j’ai donc cherché à comprendre plus profondément le problème en faisant venir un dentiste équin qui m’a transmis sa passion lors du soin", se souvient Colline, tout en caressant Noa, la trotteuse sur laquelle elle va intervenir pour un soin (voir ci-dessous).
Encouragée par ses parents dans son projet pour devenir dentiste équin, elle s’inscrit alors dans un lycée spécialisé à Saint-Flour où elle fait tout son parcours scolaire en apprentissage. Ses maîtres de stage du haras d’Élah, à Bort-l’Étang, lui transmettent leur savoir-faire et une vision du monde équin.
Le bac en poche, elle se dirige ensuite en licence de biologie, devant attendre un certain âge avant d’intégrer l’école désirée, ce qu’elle finira par faire en septembre 2022, à 18 ans, après des tests de sélection validés.
Un an et demi de formationLa vraie aventure commence, avec seulement huit élèves dans sa classe. Une aventure qui permet d’enchaîner 18 mois de formation, divisés en théorie équine, et pratique, puis en formation en semaine complète dans la France entière, au sein d’élevages de chevaux de trait, d’écuries, de concours ou de course.
Sur place, les élèves travaillent en binôme. Auprès, dans un premier temps, de chevaux tranquillisés par des vétérinaires, les élèves n’ayant pas l’autorisation d’injecter des produits spécifiques. Continuellement encadrés par deux dentistes conventionnés, les élèves comme Colline peuvent alors parfaire leur technique et voir différentes méthodes de travail. Pour finir par s’installer, comme l'a fait la jeune femme, à Courpière.
De notre correspondante locale
Un soin type. Il dure une vingtaine de minutes. L’objectif principal est d’apporter du confort masticatoire et un équilibre dans la bouche du cheval. "Dans un premier temps, j’équipe le cheval de mon ouvre-bouche ce qui me permet de travailler en sécurité. À l’aide d’une seringue, je rince afin de retirer le maximum de débris alimentaires, pour attaquer la palpation des hemi-arcades, en passant par les incisives, barres, palais, tout en vérifiant qu’il n’y ait pas de corps étranger. Je repère alors les différentes pathologies possibles, et je ferai mon soin en accord avec le propriétaire", explique la dentiste.
Le matériel. Entre le matériel de nivellement (soin classique) et le matériel de stomatologie, le coût total s’élève à plus de 11.000 €.
Conclusion du soin. "La trotteuse avait une bouche très équilibrée, cependant la présence d’un décalage antéropostérieur venait bloquer l’ensemble de son mouvement masticatoire, ce qui peut engendrer différents problèmes (mauvaise insalivation du bol alimentaire, acidification et fermentation de la sphère buccale, risque de bouchons œsophagien, augmentation des sucs gastriques donc potentiel risque d’ulcère)", précise Colline.
"Elle manifestait aussi une “queue-d’aronde” sur une incisive, qu’il a fallu fraiser afin que le mouvement soit fluide et sans blocage." Pour terminer, Colline remplit la fiche de soin qu’elle donnera au propriétaire.