Sommes-nous payés un jour de plus lors des années bissextiles ?
En ce 29 février, serez-vous payé pour avoir assuré une journée supplémentaire ? Les années bissextiles sont-elles des années où l’on travaille forcément plus ? Et où, dans les services RH, on s’arrache les cheveux ? On démêle le vrai du fantasme.
Petite, lorsqu’advient, tous les quatre ans, un 29 février, on s’imagine avec horreur que cette journée pourrait être celle de notre anniversaire (pardon d’avance à ceux pour qui c’est une réalité). En grandissant, plus prosaïquement, on en vient à se demander si cette « journée en plus » nous est correctement rémunérée.
Laissant la partie vénale de notre imaginaire s’enflammer, on se dit même que, si ça se trouve, on gagne un quinzième de jour de congé supplémentaire grâce à cette année bissextile… Mais alors, combien faut-il d’années à 366 jours pour faire avancer d’un poil le départ à la retraite ?
Le 29 février ? "Pas un sujet" pour les DRHRetour à la réalité avec une experte, en l’occurrence Marie Durand, directrice des ressources humaines du groupe Centre France. Le 29 février ? « Ce n’est pas un sujet pour nous, assure-t-elle. La majorité des gens sont mensualisés, donc ils sont payés de la même façon, que le mois compte 28, 29, 30 ou 31 jours… C’est le salaire annuel divisé par douze. » Ce que le site du ministère du Travail explique ainsi : « afin de neutraliser les conséquences de la répartition inégale des jours entre les douze mois de l’année, le Code du travail prévoit le paiement chaque mois d’une rémunération déterminée, indépendamment du nombre de jours que comporte le mois ».
Cette mensualisation est la règle en France, depuis la loi du 19 janvier 1978. L’objectif, explique Marie Durand, était de « maintenir une stabilité salariale indépendamment des variations calendaires ».
Ce sont les jours fériés qui changent la donneBien plus que le 29 février, en revanche, les jours fériés et leur répartition vont avoir des conséquences concrètes. « Lorsque les jours fériés tombent le dimanche, la productivité du mois est meilleure », résume à gros traits l’experte en ressources humaines. À l’inverse, les jours fériés peuvent tomber idéalement… pour le salarié. « Parfois, en posant quatre ou cinq jours, on a deux semaines de vacances, schématise Marie Durand. Dans ce cas-là, on a un impact organisationnel. Pour le coup, c’est un vrai sujet RH. Car il faut trouver le juste équilibre pour maintenir le service. »
La DRH a travaillé pendant une quinzaine d’années pour des cliniques privées, où le nombre de jours ouvrés dans l’année est une donnée qui compte. « On suivait ce que l’on appelle les “jours de production” dans le mois, par rapport au nombre de jours d’ouverture du bloc opératoire. » Dans ce cas-là, c’est moins l’existence d’un 29 février que la manière dont les jours fériés sont répartis qui peut changer la donne.
Même bissextile, l’année 2024 compte moins de jours ouvrés que 2022 ou 2021Pour qui souhaite en avoir une vision globale, il existe des sites internet dédiés. Sur joursouvres.fr, par exemple, on découvre que l’année 2021 a été « plus productive », avec 254 jours ouvrés, que 2022 (253) et surtout que 2023 (251). Sachez aussi que 2024 compte 252 jours ouvrés, donc moins qu’en 2022 ou 2021. Ultime preuve que le caractère bissextil de l’année ne joue pas, 2024 comptera un jour ouvré de moins que les deux dernières années à 366 jours, 2020 et 2016.
Restait un petit espoir : ce jour bonus, lorsqu’il tombe, comme cette année, un jeudi, va-t-il au moins offrir aux salariés qui en bénéficient un ticket-restaurant supplémentaire ? Même pas. En tout cas, pas dans les nombreuses entreprises où cet avantage est plafonné… à l’année.
Pomme Labrousse