"Dans ma maison, je ne voyais personne" : comment la résidence O'lavie ranime leur quotidien à Olliergues
Depuis qu’elle a emménagé dans la résidence municipale O’lavie, à Olliergues (Puy-de-Dôme), Aimée Maréchal mène une existence plus vivante et réjouissante.
De la fenêtre de son appartement tout neuf, Aimée Maréchal voit la maison dans laquelle elle vivait depuis 1961. Une maison qu’elle avait fait construire, qui a vu grandir ses trois enfants, mais qui avait deux étages. "Ce sont les escaliers que je ne pouvais plus monter. C’était devenu trop grand pour moi."
Alors quand Aimée a appris que la mairie d’Olliergues créait une résidence partagée, pour des seniors comme elle ou des personnes plus jeunes, atteintes de handicap par exemple, elle a tout de suite voulu louer un logement, et sa famille l’a soutenue. Aimée a emménagé début janvier dans son appartement de 28 m², moderne, au rez-de-chaussée, sur un palier doté d’un ascenseur.
Elle a apporté quelques-uns de ses meubles en bois, son petit chat roux et le nécessaire pour vivre sereinement. Cette femme, qui fêtera bientôt ses 89 ans, peut tout faire à pied maintenant qu’elle vit en plein centre bourg : aller chercher son pain juste en face dans la nouvelle boulangerie, faire ses courses chez les autres commerçants et honorer ses rendez-vous chez le kiné récemment installé. "Avant, il me fallait bien 10 minutes et il y avait 78 marches pour remonter?!"
Jeux, crêpes, broderiePasser d’une grande maison à un petit appartement ne la rend pas nostalgique. "Je m’habitue facilement. Et puis, quand on ne peut plus, on ne peut plus?!" La seule chose qui lui manque un peu, c’est son jardin, qu’elle aimait cultiver. Mais bientôt, des jardinières surélevées vont être installées dans le jardinet.
L’entrée dans la résidence O’lavie suppose la participation à des animations. C’est l’une de ses particularités. Eugénie a été recrutée par la mairie pour assurer, tous les après-midi, des ateliers. Dans la vaste salle commune, dotée d’une cuisine, d’une grande table, d’un coin télé et d’un salon lecture, Eugénie et Aimée ont déjà fait de la pâtisserie, des crêpes pour la Chandeleur, des jeux et, à la demande d’Aimée, de la broderie.
La cuisine partagée.Le salon-salle à manger partagés.
Madame Maréchal m’a dit qu’elle adorait broder. Le 28 février à 14?h?30, nous allons faire un atelier broderie qui sera ouvert au public et c’est elle qui l’animera, parce qu’elle est capable de transmettre et c’est hyper valorisant
rapporte l’animatrice. De la même façon, elle proposera des activités en fonction des demandes des résidents, pour qu’ils soient motivés. Le tout, "dans un but de conservation de l’autonomie, donc on travaille la motricité fine, globale et tout ce qui a trait à la mémoire." En fonction des saisons, ces ateliers pourront prendre place au salon d’été ou dans le carré de jardin.
Partagée et intergénérationnelleGrâce à ces temps partagés et à ses premiers échanges avec une autre résidente, Aimée Maréchal est beaucoup moins seule. "Dans ma maison, je ne voyais personne à part des camions et des voitures." De son balcon, où elle peut "se mettre au soleil" comme elle faisait avant sur sa terrasse, l’octogénaire peut voir les enfants de l’école maternelle aller manger à la cantine, aménagée au rez-de-jardin de sa résidence et jouer sur l’aire de jeux pensée avec le projet. Pendant la récréation, ce sont les écoliers qui en profitent, et le reste du temps, toboggans et autres modules s’ouvrent au public.L'aire de jeux pour enfants, ouverte à l'école maternelle contiguë et au public.
Ce mélange intergénérationnel, c’est l’autre volet de la résidence O’lavie. "Ils ont l’air gentil ces gosses. Entre eux, il n’y a pas de bagarre", a pu observer Aimée.
Et quand elle voudra accueillir ses propres enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, la cantine scolaire pourra être convertie en salle de réception. Cela tombe bien, car il y en aura des événements à fêter et des bougies à souffler.
Pratique Inscriptions à l’atelier broderie au 09.71.04.05.60.
Il s’agit en fait de la réhabilitation d’un îlot : la résidence, donc, mais aussi en face l’aménagement d’une cellule commerciale qui a accueilli la boulangerie en mars dernier et au-dessus un appartement T5 (voir ci-dessous).
La résidence O’lavie a pris place dans le bâtiment qui accueillait auparavant la pharmacie, au 15, avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny. Ce sont plus de 400 m2 qui ont été rénovés. À l’intérieur, elle possède huit appartements, de 25 à 35 m2, avec une chambre séparée ou non.
Des logements équipésEn plus de ces logements personnels, figurent des espaces partagés : une grande salle avec cuisine, table, coin télé et lecture, un salon d’été en rez-de-jardin et une buanderie avec machines à laver et sèche-linge pour éviter aux résidents d’avoir chacun leur équipement. Toutes les chambres sont louées avec une télé, le téléphone, quelques appareils électroménagers pour la cuisine et un lit médicalisé sur demande.Une cuisine.Une salle d'eau. L’animation, tous les après-midi, est comprise dans le prix, de même que toutes les charges (chauffage, eau, électricité, etc.). Il faut compter entre 885 € et 1.007 € par mois pour ce service, sachant que la partie loyer ouvre droit aux APL.
Des contributions qui ne sont pas lucratives. "On est parti du principe que la collectivité n’était pas là pour gagner de l’argent, donc on a pris les charges et on a divisé par huit", explique le maire. Pour le moment, deux appartements sont occupés et deux sont réservés. Quatre sont encore disponibles.
"Ce n’est pas une maison de retraite"Pour devenir locataire, il faut justifier de son autonomie, à travers un document certifié par un médecin (GIR 6 et 5). "Ce n’est pas une maison de retraite, il n’y a pas de personnel médicalisé", précise Arnaud Provenchère.
Ce projet, la mairie l’a voulu intergénérationnel. Non seulement par la présence de la cantine de la maternelle et de l’aire de jeux pour enfants au rez-de-jardin. Mais aussi par la possibilité offerte à des personnes plus jeunes d’intégrer la structure, qui peuvent être, par exemple, atteintes de handicap. "Une personne de 41 ans, qui a eu un accident de la vie. Elle aidera peut-être les aînés à aller sur Doctolib. Et peut-être que Mme Maréchal ira à la boulangerie pour elle. C’est de l’entraide."
Investissement Le coût total du projet est de 1,27 M€. Il a été aidé par l’État (613.723 €)?; la Région (183.695 €)?; le Département (218.498 €), la fondation Crédit Agricole (12.000 €), et s’est inscrit dans différents dispositifs "Relance".
Appartement T5La réhabilitation de l’îlot avenue du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny, comprenant la résidence O’lavie et en face l’opération "Un commerce, une famille" (*) a été terminée cette semaine. Au-dessus de la boulangerie ouverte en mars, les services techniques ont fini de rénover un appartement de 160 m2. Ce bâtiment, qui abritait auparavant la perception, "était une ruine", rappelle le maire. À la place, après un an et demi de travaux, un logement neuf a pris forme, avec quatre chambres, buanderie, grenier, poêle à granulés, petit terrain… "Un T5, à Olliergues, il n’y en avait pas", complète le maire. (*) Coût total de l’opération avec le commerce : 398.500 €, avec l’aide de l’État (216.425 €) et de la Région (69.450 €).
Alice Chevrier