Qui était Louis Coulon, le Montluçonnais qui avait la barbe la plus longue du monde

Sa barbe a fait sa gloire. Elle mesurait plus de trois mètres de long. Un record mondial ! Homme discret, Louis Coulon (1826-1916) travaillait aux usines Saint-Jacques à Montluçon (Allier).

Le 24 novembre 1889, le Montluçonnais Louis Coulon fait la Une du Journal illustré (*). L’hebdomadaire dominical titre sur "l’homme à la barbe phénoménale" et salue "cette haute curiosité anthropologique". Elle mesure deux mètres et trente-deux centimètres.

Bien mais un poil trop court pour prétendre au record du monde. Le métallurgiste décrochera le pompon en 1908 avec une mesure à 3,35 mètres. Il a 82 ans ! Moins célèbre que Barbe Bleue mais plus connu que la femme à barbe, Louis Coulon a été très médiatisé au XIXe siècle et jusqu’à sa mort.

Il suscite l’intérêt des journalistes, des scientifiques, des chansonniers et des photographes. Plusieurs centaines de cartes postales anciennes le représentent la plupart du temps coiffé d’une casquette confectionnée par sa fille, couturière. En 1890, il s’affiche avec des oiseaux factices nichés dans sa barbe. La même année, il enlace un chaton dont on entrevoit la tête. Trop mignon.

Un phénomène capillaire

"Nous avons souvent l’occasion de voir d’étonnants champions de la force physique ou de la taille humaine, commente Le Journal illustré. Il est plus rare de rencontrer dans notre pays même d’authentiques phénomènes capillaires dont aucun parfumeur ne peut se proclamer le régénérateur."

 

Depuis 1970, la barbe de Louis Coulon, qui avait été coupée avant son enterrement et donnée à la municipalité, est portée disparue. 

Selon Le Journal illustré, l’histoire singulière de Louis Coulon débute à l’âge de 12 ans. Le temps est déjà venu pour lui de se… raser. L’adolescent, qui souffrirait d’une pilosité excessive, est très vite lassé par ce travail. Alors, il laisse pousser. À 14 ans, sa barbe atteint cinquante centimètres et s’étale sur sa poitrine. "Ce petit vieux faisait une singulière figure au milieu de ses camarades", sourit l’hebdomadaire. À 20 ans, elle fait un bon mètre.

 

Qui était Jean Lebourg, celui qui a donné son surnom au quartier de la Ville-Gozet à Montluçon ?

Dans un article du quotidien local Centre-Matin paru le 30 octobre 1967, Georges Desalles avance que Louis Coulon se serait laissé définitivement pousser la barbe à l’âge de 24 ans lors de son arrivée à Montluçon suite à des "maux de dents". Dans le quartier de la Ville-Gozet, Louis Coulon, qui habite rue de la République, ne laisse personne indifférent. Certains dimanches, accoudé à sa fenêtre du deuxième étage, il fait admirer sa barbe qui vient en bas toucher la devanture de la marchande de chapeaux pour dames.

Il lave sa barbe dans le Cher

L’été, il lavait sa barbe dans le Cher provoquant l’attroupement de nombreux badauds. Il était très demandé au "Jardin Boissier" à Néris-les-Bains tout comme lors des cavalcades à Montluçon. "Il défilait en haut d’un trône, sa barbe déployée, soutenue tout au long par des petites filles ou encore une autre fois habillé en empereur sur un char romain. C’était sensationnel", s’enthousiasme le journaliste de Centre-Matin.

 

L'une des plus célèbres cartes postale : Louis Coulon avec un chaton. 

"Le brave Coulon" n’aurait pas tiré profit de sa notoriété malgré de nombreuses propositions d’engagement. "Anglais, Américains, barnums et spéculateurs ont voulu l’exhiber moyennant finances, affirme Le Journal illustré. Lord William lui a offert 10.000 francs pour un seul voyage. Coulon a toujours refusé ces offres avec une grande dignité." Il n’était tout simplement pas une bête de foire.

(*) Sources : archives municipales de Montluçon.

Bio express :Naissance. Louis Coulon est né le 18 mars 1826 à Vandenesse dans la Nièvre.Travail. À l’âge de 24 ans, il s’installe à Montluçon et travaille aux usines Saint-Jacques comme mouleur de fonte. Il passe plus de 50 ans dans l’entreprise.Famille. Sa femme est décédée à 55 ans. Il a un fils et deux filles.Surnom. De petite taille (il mesurait 1,59 m), Louis Coulon est surnommé "Père Fils" par ses compagnons de travail.Décès. Il meurt le 30 octobre 1916 à Montluçon. Il a 90 ans

Fabrice Redon