Trois choses à savoir sur la marque de batteries 100% made in Corrèze Lalite Drums
Dans sa grange à Marcillac-la-Croisille (Corrèze), Philippe Lalite conçoit et fabrique ses propres batteries. Il les vend aux plus grands professionnels du monde entier. Voici trois choses à savoir sur sa marque de batteries.
Si vous êtes un aficionado du programme de télévision The Voice sur TF1, vous avez sans doute déjà vu ses créations. En Corrèze, près de Marcillac-la-Croisille, Philippe Lalite conçoit et fabrique lui-même ses batteries éponymes de A à Z, dans sa grange. « La seule chose qu’on ne fabrique pas ici, ce sont les fûts (*), ils viennent d'Italie », glisse l’artisan.
Sous les baguettes géantes qui décorent son atelier comme sous la main d’un chef d’orchestre invisible, il assemble, polit, peint et vernit les différentes pièces qui formeront l’instrument auquel il a dédié sa vie professionnelle.
Voici quatre choses à savoir sur la marque corrézienne Lalite Drums.
1. Philippe Lalite n'a pas toujours été créateur de batteriesDe père corrézien et de mère belge, Philippe Lalite est né et a grandi à Paris, dans une famille « pas vraiment musicienne ». Sa rencontre avec la batterie, il la doit à l’émission de télévision Âge tendre et tête de bois.
Dès l’âge de 13 ans, il improvise toms et cymbales avec les moyens du bord. « Mon plus grand rêve était d’avoir tout ce qu’il faut pour fabriquer une batterie, plutôt que d’en avoir une toute faite », explique-t-il.
Philippe Lalite a réalisé son rêve d'enfant de concevoir et fabriquer lui-même ses batteries.
C'est à l'été 2017, donc à l'âge de 63 ans, que l'artisan crée sa première batterie. Avant cela, Philippe Lalite a eu plusieurs vies. Celle de musicien professionnel d'abord, en jouant dans les orchestres brivistes de Jean-Jacques Dumas, Albert Claener ou encore Jean-Luc Soleil. Celle de vendeur de batteries ensuite, grâce à la success story de son magasin parisien La Baguetterie.
On y croit ou pas, mais j’y mets une certaine âme, et les gars le ressentent.
Créé en 1979, le lieu prospère, se diversifie et devient une référence pour les plus grands batteurs professionnels. Marc Cerrone, André Ceccarelli, Manu Katché, Bernard Minet… deviendront des fidèles de La Baguetterie.
« À l’époque, rappelle son fondateur, on a pris le contrepied des boutiques qui existaient déjà : chez nous, tout le monde était traité d’égal à égal, débutants comme professionnels. »
2. Tout est 100% made in CorrèzeAu cours de ses plus de 40 ans de carrière au 19 rue Victor Massé à Paris, il a appris à réparer les batteries des autres : « Dans notre atelier, au milieu de tous ces fûts qu’on vendait aux clients, je me suis dit “ça serait sympa d’essayer de faire la mienne” ».
Lorsqu'il crée sa première batterie, il fait « plein d’erreurs, je la voulais parfaite mais c’est pas ça, le nerf de la guerre ! », commente-t-il, amusé. Dès son second essai, il décide de créer sa marque et passe les clés de La Baguetterie à son fils Thierry.
La plaque de la rue de son magasin parisien La Baguetterie, offerte par un client, trône dans la grange de Philippe Lalite, entre deux baguettes géantes.
Toutes les pièces Lalite Drums sont entièrement construites dans sa grange, à "La Sagne". Leur particularité ? « Elles sont vintage, c’est très à la mode en ce moment. Et puis, on y croit ou pas, mais j’y mets une certaine âme et les gars le ressentent », explique Philippe Lalite.
Son petit secret : une couche de bois de Ceiba au cœur des fûts. « Ça forme une petite caisse de résonance et ça donne ce son vintage, mais qui sonne ! », confie l’artisan.
Chaque batterie est réfléchie en amont : « Je sais ce qui peut plaire, dans quelle idée la faire. Il faut des dimensions qui racontent quelque chose : du plus gros pour du hard rock, du plus petit pour du studio, du jazz… »
Au premier plan, la batterie Corrèze-19 réalisée "pour s'occuper" en plein premier confinement, en référence au Covid-19.
3. Il vend ses créations aux plus grandsSa marque connaît un succès immédiat : parmi les quelque 200 batteries déjà vendues, l’une a foulé le sol de l’Élysée à l’occasion d’un concert de Marc Cerrone et Jean-Michel Jarre, l’autre apparaît dans un clip de Lenny Kravitz, une autre encore accompagne les fébriles prestations des candidats à The Voice…
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Certaines ont même voyagé aux États-Unis, où elles ont été essayées par les plus grandes stars : Philippe Lalite conserve précieusement sur son téléphone une vidéo de Steve Ferone ravi, installé derrière une de ses batteries exposée dans un festival de Los Angeles. Derrière la star de la batterie britannique, sur une grande bannière, une vache corrézienne rappelle les racines de l’instrument.
Un succès fulgurant donc, qu'il affirme ne pas devoir à son carnet d'adresses : « Les artistes, quand ça leur plaît pas, ça leur plaît pas », sourit-il.
La batterie sur laquelle joue Lenny Kravitz dans son clip Low a été réalisée en Corrèze par Philippe Lalite. L'artisan conserve précieusement la peau de cet instrument dans son atelier.
La marque de Philippe Lalite, success story corrézienne, pourrait bientôt bénéficier du label Origine Corrèze.
Pour en savoir plus sur La Baguetterie : La Baguetterie, l'histoire d'un rêve, de Jean-Marc Oudet (190 pages, 15 euros) ; disponible à la librairie Trarieux à Tulle.
Texte : Louise Llavori
Photos : Karine Grenadin