Crous, associations et travailleurs sociaux de Clermont-Ferrand mobilisés pour alléger le coût des règles
Sujet tabou depuis que les femmes sont femmes, les règles s’imposent dans le débat public sous l’angle de la précarité menstruelle. Car les règles pèsent lourd dans la vie et dans le portemonnaie des femmes.
On estime à 20 € par mois, ces rappels mensuels du corps qui nécessitent l’achat de protections hygiéniques et souvent celui d’antidouleurs pas toujours remboursés. Un budget que beaucoup étudiantes, chômeuses, travailleuses précaires, sans domicile fixe ne peuvent pas assumer les obligeant à réduire leur vie sociale.
L’État. Mardi 23 février, le gouvernement a annoncé que des protections hygiéniques seraient distribuées gratuitement aux étudiantes à la rentrée prochaine. L’objectif est de disposer «1.500 distributeurs de protections périodiques gratuites » dans les services de santé des universités et les résidences universitaires des Crous, a indiqué la ministre de l’Enseignement supérieur lors d’un déplacement à Poitiers.
Le Crous Clermont-Auvergne . Le Crous Clermont Auvergne a d’ores et déjà commandé une vingtaine de distributeurs : « Ils seront installés à partir de mi-mars, dans les 18 résidences du Crous Clermont Auvergne situées à ClermontFerrand, Aubière et Montluçon (soit un distributeur par bâtiment) ».
F i n 2 019, l e Crous Clermont Auvergne avait déjà soutenu financièrement, à hauteur d e 7.510 €, un projet étudiant porté par la Fédération de lutte contre la précarité menstruelle pour la mise en place de 15 distributeurs de protections périodiques gratuites et d’actions de sensibilisation sur les sites de l’Université et du Crous.
Le Foyer de jeunes travailleurs Le Phare : le Foyer de jeunes travailleurs Le Phare, qui accueille une centaine de personnes de 18 à 30 ans dont 75 % vivent en dessous du seuil de pauvreté et la moitié des femmes, se mobilise lui aussi sur le sujet avec des protections périodiques bio (tampons et serviettes) distribuées gratuitement à celles qui en font la demande.
« Fin 2020, la direction départementale de la cohésion sociale nous avait donné des chèques services à utiliser rapidement en alimentation ou en produits d’hygiène. Nous les avons distribués aux résidents en fonction de leurs revenus et nous avons employé le reliquat à la constitution d’un stock de protections périodiques bio pour 2 ou 3 mois », explique Aurélien Roland, coordinateur pédagogique du Phare.
Le Phare a également installé un « cabinet de curiosité », une exposition permanente sur le thème des règles afin de changer le regard sur les règles.
Avec Malthilde Saulnier, animatrice du lieu, un questionnaire a également été distribué aux jeunes femmes pour déterminer leurs besoins (tampons, serviettes,..).
« Quasiment toutes nos résidentes ont déjà bricolé une protection de fortune, la moitié dit avoir déjà raté une journée de cours ou de travail faute de protection; 80% utilisent des protections jetables; elles assument seules cette dépense pour la plupart et ne vont pas sur des protections bio à cause du prix.»
L’objectif est de pérenniser l’action avec la mise en place d’un distributeur et de nouer des partenariats car le foyer n’a pas les moyens de la financer sur son budget. « Nous avons contacté l’association Règles élémentaires et attendons un retour », indique Aurélien Roland.
Le Phare a également installé un « cabinet de curiosité », une exposition permanente sur le thème des règles afin de changer le regard sur les règles, notamment celui des hommes.
Les associations : Le 23 janvier dernier, le collectif Nous toutes 63 et le Planning familial à Auchan nord avaient également organisé une collecte de protection hygiénique chez Auchan nord. Le produit de la collecte a été redistribué aux centres pénitentiaires de Riom et d’Yzeure où le planning intervient régulièrement. « Il est encore compliqué d’organiser ce genre de collecte dans les grandes surfaces mais on ne désespère pas d’en convaincre d’autres », explique une militante.
Deux journées mondiales. Enfin on rappellera que le 8 mars sera la journée mondiale des femmes et le 28 mai celle de l’hygiène menstruelle. L’occasion de braquer à nouveau les projecteurs sur sur sujet sans tabou.
Géraldine Messina
geraldine.messina@centrefrance.com