Une acquisition qui répond à une priorité
![Une acquisition qui répond à une priorité](https://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/5142369.jpeg)
Une œuvre rare de Charles Coypel
C'est peu de dire que la révocation de l'Édit de Nantes a été catastrophique pour la tapisserie d'Aubusson. Les tapissiers ont quitté la France afin d'exercer sous d'autres cieux. Il est malgré tout rare de découvrir les tapisseries qu'ils ont tissées loin de la Creuse.
La Cité de la tapisserie d'Aubusson possède désormais dans ses collections une « tapisserie huguenote », c'est-à-dire une pièce consécutive à la révocation de l'Édit de Nantes (1685) qui a provoqué le départ d'Aubusson de lissiers, des protestants, qui se sont réfugiés dans différents pays, notamment en Allemagne, où ils ont poursuivi leur activité.
Tissée à Berlin entre 1725 et 1750 par l'Aubussonnais Charles VigneLa Cité de la tapisserie vient d'acquérir « Les femmes savantes », une pièce de la tenture des « Comédies de Molière », une œuvre du peintre Charles Coypel (1694-1752), tissée dans le deuxième quart du XVIII e siècle (après 1725), à Berlin, par l'atelier de l'Aubussonnais Charles Vigne. La tapisserie, forte de ses 330 cm sur 350 cm, est monumentale. Elle est en bon état, les couleurs sont même encore fraîches.
Bruno Ythier, l'ancien conservateur de la Cité, s'est occupé de cette acquisition avec Emmanuel Gérard, le directeur.
La tapisserie a été proposée à la Cité par une galerie parisienne. D'emblée, le grand intérêt de cette pièce est apparu évident. Il a été conforté par les recherches menées notamment par deux spécialistes de la tapisserie de l'époque, Pascal Bertrand et Nicole de Reyniès. La tapisserie a été identifiée formellement tout comme la gravure qui l'a inspirée. La comparaison des deux a permis de noter que les cartonniers ont modifié le dessin original de Coypel (de petites dimensions) en remplaçant l'arrière-plan composé de cadres et d'une porte centrale par un décor végétal.
Acquérir une tapisserie huguenote était une prioritéPour justifier une telle dépense (*), Bruno Ythier rappelle que l'acquisition d'une tapisserie huguenote était une priorité du projet scientifique et culturel de la Cité.
« Depuis ma prise de poste, j'ai toujours souhaité mettre la main sur une telle pièce, mais aucune opportunité crédible ne s'est présentée. La pièce proposée par la galerie Deroyan est véritablement intéressante, compte tenu de la qualité de la composition, de son iconographie particulièrement bien identifiée, de son superbe état de conservation ».
(*) 75.000 avec 30 % du Fram et 30 % du Fonds du patrimoine. Ces dernières années, des pièces similaires se sont vendues à des tarifs plus élevés : 153.000 pour « L'audience de l'empereur » par Jean Barraband, 96.000 pour « La cérémonie du thé » par le même Barraband