Comment les trufficulteurs de Corrèze ont trouvé leurs premières truffes sur le Causse
Malgré un été très sec et un automne pluvieux qui laissent craindre une mauvaise saison, les trufficulteurs de Turenne ont trouvé, en ce début de décembre, de belles truffes avec l'aide de leur chien Mario.
À cette époque de l’année, c’est Mario qui fait tout le travail, ou presque, dans les truffières de Georges et Maurice Parlange à Turenne.
Une truffe de chien pour trouver les bonnes truffesCe lagotto romagnolo, un chien d’eau italien, a été en effet dressé pour caver les truffes. En ce début de saison, au pied des chênes truffiers plantés en 2006 sur deux hectares, son flair a permis de dénicher une quinzaine de diamants noirs, en à peine une heure : quand la truffe de Mario flaire un trésor, il commence à creuser et ses maîtres prennent le relais pour déterrer le champignon convoité. Explications avec notre vidéo.
Un travail de passionné
Georges et Maurice Parlanges se sont lancés dans la culture de la truffe, dans les années 1990, sur le Causse corrézien où leurs parents et grands-parents les trouvaient à l’état sauvage. Désormais, trouver des truffes se mérite et demande d’être passionné.
« Nous possédons cinq hectares de truffières mais ils ne sont pas tous en production. Tous les ans, on plante des arbres, chênes verts et pubescents (chênes du pays à feuillage caduc). Il faut ensuite attendre environ dix ans pour les chênes verts et quinze ans pour ceux du pays, qu’ils commencent à donner des truffes »… ou pas car certains arbres ne donnent jamais : « C’est le mystère de la truffe mais c’est ça qui en fait son charme. »
La nécessité d'entretenir et d'irriguerPour mettre plus de chances de leurs côtés, les trufficulteurs de Turenne achètent leurs plants mycorhizés à trois ou quatre pépiniéristes. Des plants qui sont, de plus, contrôlés par un groupement d’acheteurs pour être sûrs d’obtenir la variété de truffe souhaitée : « La mélanosporum qui est très parfumée et peut se déguster crue. On évite la brumale qui coûte moitié moins chère et est plutôt destinée à la charcuterie, aux pâtés. »
Après la plantation sur un sol calcaire, la truffière doit être entretenue, clôturée pour refouler les sangliers. Et pour faire face aux sécheresses à répétition, les trufficulteurs de Turenne ont installé un système d’irrigation en 2016 : « Avec des étés très secs, ceux qui n’arrosent pas leurs truffiers n’ont pas ou que peu de truffes ». Ce qui laisse craindre globalement une saison 2019-2020 mitigée.
Un peu de retard sur la saisonL’irrigation de Georges et Maurice leur permet d’assurer une récolte, même si « la saison démarre avec un peu en retard, soulignent-ils. On trouve moins de truffes que l’an dernier à la même époque. Quant à la qualité, il faut attendre la pleine saison : la truffe est meilleure en janvier et février, elle est plus mûre et donc plus parfumée. » Sur le kilo trouvé ce matin-là, les agriculteurs doivent faire le tri pour s’assurer de la qualité.
Parmi les truffes, une est visiblement est pourrie : « Elle sera remise en terre pour y réinjecter les spores. On cave de novembre au 15 février, pas jusqu’en mars comme certains car il est important de laisser des spores en prévision de la saison prochaine. »
Photo : Stéphanie Para
Vidéo : Valérie Guinard
Texte : Christine Moutte