Deux commerces et des clients qui donnent une âme à Franchesse (Allier)
L'épicerie et la boulangerie. Deux commerces très fréquentés qui participent à l'âme de Franchesse. Mais, comme dans beaucoup d'autres communes rurales, deux commerces qui cherchent des repreneurs, sans certitude d'y parvenir. Un petit challenge.
Epicerie, bar, restaurant, tabac, presse, station service... Le multiservices de Murielle Desamais, c’est le couteau suisse de Franchesse. Avec en prime, pour le même prix, l’énergie et le sens de l'humour de la patronne. C’est vraiment ce qui s’appelle rendre service dans la bonne humeur. À tel point que Michel, 82 ans, un habitant de la commune, confie qu’il ne se verrait pas vivre sans cet établissement dont il pousse la porte quasi quotidiennement : « A mon âge, on est moins mobile. L’épicerie Desamais m’évite de prendre tous les jours ma voiture pour aller à Bourbon-l’Archambault... Et puis, il y a Murielle qui nous apporte de la chaleur humaine ».
Une grosse soixantaine de passages chaque jourLe multiservices de Murielle Desamais, c'est le couteau suisse de Franchesse Cet octogénaire fait partie de la pléthore d'habitués de ce commerce qui, avec une grosse soixantaine de visites par jour en moyenne, tourne à plein régime. Il y a des jeunes, des moins jeunes, des agriculteurs, des ouvriers, des retraités, des parents d’élèves de l’école du village.... En ce lundi matin, c’est un va-et-vient incessant d’administrés en tout genre dans le magasin idéalement campé à l’entrée du bourg, en bordure de la route de Bourbon-l’Archambault.
Murielle Desamais se dit "démoralisée" par la fiscalité
« Pour le sourire, c’était il y a dix ans qu’il fallait venir »Manifestement, le commerce est un incontournable. La population communale, ainsi que celle des bourgs alentours (Couzon, Saint-Leopardin-d’Augy, Limoise...), peut trouver de tout dans cette épicerie. Y compris une forme d'esprit de famille. Tout pour lui éviter de rouler jusqu’à Bourbon-l’Archambault ou Moulins.
Mais, paradoxalement, tout ne roule pas pour sa gérante, Murielle Desamais... Quand on lui demande de sourire pour la photo qui sera publiée dans La Montagne, elle en profite pour soupirer ironiquement : « Pour le sourire, c’était il y a dix ans qu’il fallait venir.... Maintenant, c’est trop tard ! ».
" Trop de charges, j'en ai marre ! "Murielle place le "contact hulmain" et "l'esprit commerçant" par dessus tout Ce n’est pas par lassitude de son métier, elle qui place le "contact humain" et "l’esprit commerçant" par dessus tout. Ce qu’elle apprécie nettement moins, en revanche, c’est la politique fiscale de l’Etat. Elle se dit essorée, éreintée, asphyxiée : « Bref, j’en ai marre !, s’exclame t’elle. Trop de charges ! L'URSSAF, entre autres... S'il y a bien une chose qu'il faudrait changer en France, ce sont les règles fiscales. Surtout qu'elles représentent aussi un frein à l'embauche. Tout le monde est perdant. Là, moi, je n'en peux plus".
Où sont les repreneurs ?Ce n'est pas du cinéma. Murielle Desamais n'attend plus qu'un repreneur à qui céder sa petite affaire : " Après 11 ans à travailler sept jours sur sept, trois cent soixante cinq jours par an, je retournerai sans problème à une vie salariée et aux 35 heures. Il y aura moins de contraintes ".
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Le projet de départ de "Mumu" en inquiète plus d'un parmi ses clients. Car ce commerce contribue à l'âme de Franchesse. Qui va le reprendre ? Pas de réponse, pour l'instant. Et la question est exactement la même pour la boulangerie Léger, située à moins de cent mètres.
Tout comme l'épicerie du village; la boulangerie Léger, ici Myriam Léger, cherche, elle aussi, des repreneurs L'artisan et sa femme, Philippe et Myriam Léger, ont mis leur commerce en vente, eux aussi. Pour une autre raison que celle invoquée par Murielle Desamais. A 55 ans, Philippe Léger anticipe son départ à la retraite :
J'ai commencé à travailler à 15 ans, je vais donc peut-être pouvoir partir avant 60 ans... ça me laisse encore trois ou quatre ans. Mais dans le métier de boulanger, il faut tellement de temps pour trouver des repreneurs, que je préfère prévoir dès maintenant
Les Léger espèrent trouver des successeurs dans les meilleurs délais. Mais ce n'est pas forcément gagné : "Les jeunes sont sans doute moins préparés à travailler autant que nous le faisons depuis 31 ans. Et de surcroit, à travailler en milieu rural". La clientèle des Léger, elle, en tout cas, se dit partante pour garder le couple pendant de longues années encore : " Leur pain est un régal ! ", plébisicite une habituée. Quant à leur pâté à la viande, il déplace les foules à plusieurs dizaines de kilomètres à la ronde.
Antoine Delacou