A Bord-Saint-Georges (Creuse), le boulanger retraité a immédiatement trouvé repreneur
Bord-Saint-Georges peut s’enorgueillir de faire partie des « Villes et villages de la reprise » mis en avant par la Chambre de métiers et de l’artisanat de la Creuse.
Les habitants de Bord-Saint-Georges n’ont pas eu à chercher une autre boulangerie. Le tout dernier commerce du village n’a pas fermé. Avant de partir à la retraite, leur boulanger, Gilles Hamida a su préparer sa succession. Il a baissé le rideau le 14 janvier et le 15 au matin, c’est Valériane Dutheil qui l’a rouvert. À 38 ans, après avoir travaillé dans la restauration et à l’usine, la voici nouvelle boulangère de Bord-Saint-Georges.
C’est le hasard qui l’a menée à la boulange explique-t-elle. « C’est une rencontre avec Gilles », il y a un peu plus de trois ans, qui a tout déclenché. « Il cherchait un repreneur, il m’a demandé. Je lui ai dit que je ne savais pas faire de pain et il m’a répondu qu’il allait m’apprendre ! », sourit-elle.
Valériane Dutheil a pris la succession de Gilles Hamida (à gauche)
Après un temps de réflexion, Valériane se lance, fait son apprentissage pendant un an dans la boulangerie de Gilles Hamida puis un stage de créateur repreneur avec la Chambre de métiers et de l’artisanat. Elle rachète le fonds de commerce tandis que la commune poursuit la mise à disposition les locaux à un loyer très modéré et du four. Depuis la reprise, elle a embauché une personne à temps plein pour effectuer les tournées dans les villages (12 km alentours), a étoffé les gammes de pains et viennoiseries à la vente ainsi que le rayon de petite épicerie. « Je pense que les habitants sont très contents que je sois là et je suis très contente d’être là aussi », confie-t-elle.
La mairie a aussi activement contribué à sauvegarder son commerce de proximité. Elle a investi pour rénover les locaux et acheter le four à pain, permettant de mettre à disposition un outil de travail de qualité à un repreneur. Le maire, Jean-Baptiste Alanor a d’ailleurs reçu un trophée de la Chambre de métiers pour cet investissement qui a permis de maintenir un commerce, de rendre service à sa population et de créer des emplois.
La Chambre de métiers et de l’artisanat a souhaité mettre en avant cette transmission réussie et faire savoir qu’elle accompagne cédants et repreneurs dans leur désir de cession et de reprise. Le mois de la transmission-reprise en Nouvelle-Aquitaine donne aux Chambres de métiers et de l’artisanat l’occasion de mettre en avant des transmissions d’entreprises réussies et de rappeler les missions d’accompagnement qu’elle peut assurer. « Les cédants n’ont pas forcément le réflexe de venir vers la Chambre de métiers, ils ignorent que l’on peut par exemple évaluer leur fonds de commerce ou les aider à faire savoir qu’ils sont dans l’attente d’un repreneur », explique Sophie Auger, chargée de missions développement économique à la Chambre de métiers. Cette dernière peut être l’interlocutrice idoine pour trouver quelle est par exemple, la meilleure formule pour céder son entreprise : est-ce que je garde les murs, est-ce que je vends le tout, est-ce que je fais une location-vente ? Elle donne également des clés pour appréhender sereinement la reprise d’entreprise. « On peut accompagner un repreneur sur le business plan, lui montrer son prévisionnel par exemple, pour qu’il puisse voir son banquier », ajoute Sophie Auger. La Chambre de métiers est aussi là pour mettre en relation des repreneurs potentiels avec des cédants. Sophie Auger donne l’exemple d’un couple de boulangers haut-viennois qui cherchent à reprendre une boulangerie dans une commune dynamique en bordure de RN145. « On est là pour mettre les personnes en relations, pour faciliter les choses. »
Julie Ho Hoa