Victime d'un grave accident sur l'A75, à la Roche-Blanche (Puy-de-Dôme), elle témoigne : « Je suis une miraculée »
Sa vie a basculé ce petit matin du 11 novembre 2017, sur l'autoroute, quand une voiture circulant à contresens l'a percutée de plein fouet. Christelle Champeix raconte son combat pour se remettre debout et avancer.
« Vous allez titrer : “La miraculée” ! Car je suis une miraculée s’il vous plaît ! » Un miracle, oui, que cet éclat de rire autour d’un café. Deux ans après ce cataclysme qui aurait pu tout emporter, cet effroyable accident qui ne s’effacera jamais tout à fait. C’était le 11 novembre 2017, à 5 h 30 du matin, sur l’autoroute A75, à hauteur de La Roche-Blanche. Aide-soignante au CHU Estaing, à Clermont-Ferrand, Christelle Champeix se rendait au travail au volant de sa Fiat 500 X.
Un véhicule surgit à contresensLe jour n’était pas encore levé. La circulation se faisait sur une voie, en raison de travaux. Une BMW, circulant à contresens et à très vive allure, a surgi. Elle a percuté trois voitures, dont celle de Christelle Champeix, de plein fouet et avec une violence inouïe. Le conducteur de la berline allemande, un jeune homme de 24 ans qui sortait de boîte de nuit, fortement alcoolisé, a perdu la vie. Celle de l’aide-soignante, alors âgée de 37 ans et mère de deux enfants, a basculé pour toujours.
« On est fauché en plein vol. Vous partez le matin au travail. Vous vous réveillez une journée après, en réanimation ».
Choc sur l'autoroute A75 à hauteur de La Roche-Blanche : un mort et une blessée grave
Un mois après cette première étape compliquée, la rescapée a pu rejoindre un centre de rééducation, à Chamalières, pour un autre combat. Six heures d’exercice par jour, pendant huit mois, pour tenter de remettre son corps traumatisé en marche. Le tout entrecoupé de nouvelles interventions chirurgicales et accompagné d’un suivi psychologique. « L’objectif de celui-ci était d’accepter la situation », souligne Christelle Champeix. « Car il a fallu avaler la pilule. Et elle était grosse. Quand vous vous retrouvez à 37 ans à vous faire laver, à ne pas pouvoir préparer votre repas… C’est difficile. »
Un tsunami pour toute la familleDifficile aussi pour son compagnon et ses deux enfants, alors âgés de 9 et 16 ans. « Au début, on ne savait pas ce qu’elle allait devenir », confie Patrice Goigoux. Et lors de son retour à la maison, où se sont aussi invités la douleur et le matériel médical, rien n’était plus comme avant. « Heureusement, la famille et les amis nous ont beaucoup aidés. » La force mentale de cette mère a aussi fait la différence. « Quand j’ai repris mes esprits, je me suis dit, soit je sombre avec les cachets, soit je me bats pour m’en sortir en étant le plus autonome. »
La seconde option a payé. Aujourd’hui, Christelle remarche et arrive à prendre des douches toute seule. « Un cadeau de tous les jours ! Tout comme conduire à nouveau une voiture. Tellement important pour la liberté. » Certaines situations restent malgré tout compliquées. « Je crains la nuit, les travaux sur l’autoroute, le trafic fluide… La foule aussi. Si je tombe, je ne peux pas me relever. Je ne fais pas mes courses en hypermarché, c’est trop grand. Et pour aller à Disneyland avec les enfants, il faut amener le fauteuil. J’ai adapté ma vie en fonction de ça. »
Se faire reconnaître comme victimeCette bosseuse a aussi dû faire le deuil de son métier d’aide-soignante. « Impossible pour moi de rester debout plus de quatre heures. On va me reclasser sur un poste assis. Pas évident. J’aimais mon travail. » La trentenaire a entamé des démarches judiciaires, en se faisant épauler par un avocat, pour se faire indemniser à la hauteur du préjudice financier subi et se faire reconnaître en tant que victime.
« Je partais au boulot, le matin, lucide, dans le bon sens et j’ai payé chèrement la faute d’une personne qui n’a pas pris la bonne décision. Je suis très en colère par rapport à ça. »
Olivier Choruszko