Le jeune éleveur a quitté l'Aube pour s'installer dans le Cantal par le biais d'une session d'accueil d'actifs
Depuis ce mercredi 9 octobre, une session d’accueil d’actifs réunit durant trois jours, en Pays de Salers, vingt porteurs de projet pour leur faire découvrir le Cantal et faciliter leur installation. C’est lors d’une telle session, que Morgan Jacquemin a eu un coup de cœur pour le territoire et décidé d’y devenir éleveur laitier. Il témoignera de son parcours, jeudi 10 octobre, auprès des porteurs de projet présents à Salers.
« C’est un rêve de gosse qui se réalise. » Depuis la mi-juillet, Morgan Jacquemin a rejoint l’exploitation d’Anne-Marie et Jean-Claude Froment, au lieu-dit « Montourcy », à Junhac. Ce nouvel arrivant, qui va reprendre la ferme au 1er janvier, est actuellement en stage de parrainage auprès de ce couple d’éleveurs qui va prendre sa retraite.Le trentenaire faisait partie des porteurs de projet qui ont participé à la session d’accueil d’actifs, l’an dernier. Ce séminaire de trois jours a été décisif dans le choix de s’installer dans le Cantal. Moins d’un an après, il quittait l’Aube pour Junhac.Salarié agricole durant dix ans, Morgan Jacquemin rêvait d’élever des vaches laitières. Et de devenir son propre patron. Un projet qu’il jugeait inaccessible dans son département, où les prix du foncier sont faramineux et l’élevage trop intensif à son goût.
En allant jeter un œil sur le Répertoire départ installation (RDI), bourse des exploitations à reprendre, il cible le Massif Central, et contacte le Puy-de-Dôme, la Corrèze, l’Aveyron, le Lot, le Cantal. « On m’a renvoyé des mails, le seul à m’avoir appelé, c’est Gérard Vigier. »
Hors départementLe profil de Morgan Jacquemin correspond à l’orientation de la profession agricole. « Il nous faut aller chercher ailleurs (hors cadres familiaux et hors départements) les candidats qui nous font défaut. D’un point de vue mathématique, la famille agricole locale ne suffit pas pour renouveler les départs à la retraite », analyse Gérard Vigier, chargé de la reprise-transmission à la chambre d’agriculture du Cantal, un des acteurs de la session d’accueil d’actifs.Ce dernier propose à Morgan Jacquemin de s’inscrire à ce séminaire, qui s’est tenu sur le territoire du Grand Site puy Mary, l’an dernier. « En condensé et en accéléré, le porteur de projet peut voir un grand nombre de conseillers spécialisés. Il rencontre des élus, des habitants, des membres des services qui interviendront durant le parcours d’installation. Il a toutes les infos sur l’angle du projet professionnel et du projet de vie aussi. »
Rencontre avec les cédantsCe séjour a été l’occasion pour le candidat de l’Aube de visiter l’exploitation laitière de Junhac, de 63 hectares dont 11 de cultures, qui, sur le papier, correspondaient à ces attentes. « Le courant est bien passé avec Anne-Marie et Jean-Claude. Ils m’ont tout de suite mis à l’aise », a apprécié le repreneur qui a trouvé les premières réponses dont il avait besoin. « À l’issue des trois jours, je me suis dit, j’ai 30 ans, c’est maintenant, ici et pas ailleurs », s’enflamme le jeune homme, qui a un coup de cœur pour le Cantal.
Des cartes très utilesIl rentre dans l'Aube pour passer un BPREA, diplôme nécessaire à l’installation. En même temps, il amorce les laborieuses démarches administratives. « J’ai monté mon dossier de demande d’emprunt à la banque avec le conseiller bancaire que j’ai rencontré lors de la session », précise ce futur producteur de lait AOP. « Les trois jours étaient riches et intenses. Et d’autres questions viennent après ce séjour. L’avantage, c’est qu’on repart avec une tonne de cartes, du coup, il n’est pas difficile de reprendre contact. »Ce rôle de facilitateur est un plus, selon Gérard Vigier, face à la concurrence des autres territoires ruraux pour attirer des actifs. « À offres professionnelles équivalentes, on peut remporter le morceau par cette offre d’accompagnement. » Morgan Jacquemin le confirme :
J’ai ressenti une vraie volonté de m’accueillir
Un autre élément a contribué à le mettre dans les meilleures dispositions. La façon de passer le relais des cédants. Les Froment ont créé toutes les conditions pour que la succession se passe pour le mieux.
Programme de la session en cours en Pays de SalersDepuis ce mercredi matin, vingt porteurs de projet ont pris leur quartier pour trois jours en pays de Salers. Après une présentation, hier matin, ils ont visité le territoire, dans l’après-midi. Jeudi 10 octobre, deux ateliers, l’un dédié au thème agricole et l’autre sur le commerce et l’artisanat, leur sont proposés. L’après-midi sera consacré aux visites d’affaires à reprendre. Une quinzaine d’offres de reprises ont été recensées en Pays de Salers, et 180 à l’échelle du département, (hors agriculture). Par ailleurs, d’anciens participants à ces sessions témoigneront de leur installation. La journée se terminera par une soirée avec les élus. Vendredi matin, un forum leur permettra de rencontrer différents acteurs qui peuvent les aider dans leur projet. Ce séminaire est organisé par le conseil départemental, en lien avec la communauté de communes du Pays de Salers, qui accueille sa troisième session.