Après la Polynésie, il rêve de revenir travailler... en Creuse
Christophe Courcaud, fondateur de la société Tahiti 360, travaille pour le compte de Google. Lors de son passage éclair en Limousin où il possède une maison, il nous a parlé de son rêve de monter une agence de voyage pour organiser des séjours... en Creuse.
Entre Wallis et Futuna et la Creuse, il y a un monde... Et pourtant, selon Christophe Courcaud qui connaît par cœur les deux territoires, il existe des points communs auxquels il est attaché plus que tout au monde : « La tranquillité, le rapport avec les gens et les paysages extraordinaires. » Âgé de 40 ans, Christophe Courcaud n'est originaire ni du Pacifique, ni du Limousin. Ingénieur formé à Paris, il a travaillé pour IBM puis Michelin à Clermont-Ferrand avant de vouloir travailler à son compte. C'est à cause, ou plutôt grâce à son travail, qu'il a posé ses bagages en Creuse. On était en 2005.
2.500 clients et des chroniques sur France bleu« Je voulais créer une boîte informatique de dépannage et de service. Avant de m'installer, j'ai réalisé une étude de marché et me suis rendu compte qu'une telle structure avait toute sa place en Creuse. »
Il achète une maison avec son épouse infirmière scolaire et crée, à Saint-Vaury, la société Planète Informatique. Très rapidement, l'activité cartonne. « J'avais à la fin 2.500 clients et je gagnais très bien ma vie. » A France Bleu Creuse, sa chronique de vulgarisation informatique est elle aussi très appréciée. Mais en 2011, il s’essouffle et demande à son épouse si elle veut bouger...
« Mon activité marchait très bien mais j'avais perdu le sens de mon travail, ce pour quoi j'étais venu ici. Je n'avais plus le temps de discuter avec les gens, je faisais de l'abattage. » Sa femme demande et obtient une mutation pour Wallis et Futuna. Le couple s'envole alors dans les îles. L'expérience le marque. Le rapport avec les habitants également.
Après un retour en métropole avec leurs trois enfants (son épouse va alors travailler alors comme infirmière scolaire à Saint-Germain-les-Belles), ils décident de repartir dans les îles et demandent Tahiti. Christophe Courcaud devient responsable informatique au sein du 4ème plus gros employeur de Tahiti.
Le système Google Steet view n'existe pas dans les îles. Avec deux associés, Christophe Courcaud décide de réaliser le même travail, achète une caméra dédiée et cartographie les routes en voiture, les chemins et les plages en voiturette de golf, l'océan en bateau. Avec sa société Tahiti 360, il photographie en long et en large la Polynésie française et globalement le Pacifique Sud, référence le nom des rues, les numéros de maisons sur Google Maps et même les horaires des ferrys qui vont de Tahiti à Moorea, l'île située juste en face. Pour réaliser ce travail, il est sponsorisé par de grosses sociétés dont le nom apparaît sur chaque photo...
3,5 milliards de vuesAgréé par Google, il est contacté par le géant américain pour participer le 24 et 25 septembre à une conférence mondiale à Londres de Google Street, le Google mat street view summit 2019. Il présentera son travail sur le Pacifique sud. Et il expliquera comment avec 926.000 photos publiées depuis janvier, il a engrangé pas moins de 3,5 milliards de vues !
Propriétaire d'une maison sur la commune de Boisseuil, Christophe Courcaud prépare déjà sa reconversion en métropole. Car il sait qu'en 2021, le contrat de son épouse se terminera.
« Mon rêve : revenir en Creuse. J'adorerais acheter une maison là-bas, c'est un territoire que j'aime beaucoup. » Le quadragénaire avoue avoir déjà créé son entreprise pour être prêt dès son retour. Son but : développer une agence de voyage en ligne dédiée au tourisme en Limousin, plus spécialement en Creuse.
En matière touristique, la Creuse a un énorme potentiel.
« Je vais tout cartographier de nouveau. Les photos prises par les Google cars sont assez anciennes. Avec mon épouse, nous avons beaucoup voyagé à travers le monde. Et on s'est rendu compte que les touristes américains et chinois étaient prêts à dépenser beaucoup d'argent pour venir dans des contrées comme les nôtres. En Creuse il y a des sites merveilleux qui ne sont pas mis en valeur. Ce département a un vrai potentiel. »
Avantage de Christophe Courcaud : au delà de son savoir-faire indéniable dans la cartographie et la mise en valeur des territoires en photos, il est en contact avec le plus gros tour operator américain grâce à son travail sur Tahiti.
« On a travaillé ensemble là-bas. Si on leur vend bien le projet, ils peuvent amener du tourisme en Creuse. Mais un tourisme ciblé, privatif. On s'occupera de tout du début à la fin. Pendant longtemps, on a misé sur le tourisme vert, le VTT, la pêche. Mais ce n'est pas ce qui marche. Les Américains, ils sont prêts à débourser de l'argent pour venir ici, mais ne veulent aucun souci, ne s'occuper de rien. Ils aiment ressentir des sensations, avoir un programme bien établi, être chouchoutés. On peut leur proposer tout ça. »
Descendant de CharlemagneChristophe Courcaud n'en dira pas plus. Ce qui est sûr, c'est qu'il est homme à aller jusqu'au bout de ses rêves, de ses projets. Et quand il se met en tête un objectif, il l'atteint généralement.
Passionné de généalogie, il a réussi à remonter jusqu'à la branche des Toulouse-Lautrec. Descendant des Charlemagne, Pépin le Bref, Louis 1er, Hugues Capet, Louis VI, il a découvert il y a peu qu'il avait des racines... en Limousin. Ses ancêtres au 16ème siècle vivaient à Turenne, Pierre-Buffière ou Château-Chervix. Son attachement au Limousin n'est pas que territorial... Il est aussi dans ses gênes.
Franck Lagier