Le déménagement de l'imprimerie de la Banque de France à Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme) au cœur de tensions
Le déménagement de l’imprimerie de la Banque de France, de Chamalières à Vic-le-Comte (Puy-de-Dôme) est programmé à l’horizon 2025. Le projet sera-t-il remis en cause ? L’hypothèse prendra corps si le dialogue social, tendu, ne s’apaise pas.
Le projet de déménagement de l’imprimerie de la Banque de France de Chamalières à Vic-le-Comte, dit Refondation, a déjà pris du retard. La liquidation judiciaire du maître d’œuvre choisi, au printemps, a contraint à direction à lancer la procédure pour en trouver un nouveau, le contretemps renvoyant l’éventuel déménagement à 2025.
Grèves chroniques en juilletÉventuel ? Pour l’heure, le projet n’est pas remis en question, assure Vincent Bonnier, directeur général de la fabrication des billets, qui a pourtant jeté le trouble dans un courrier en date du 11 juillet, adressé à l’ensemble des salariés de la papeterie de Vic-le-Comte. Ce courrier faisait suite à la reprise de grèves chroniques de la production de papier de 59 minutes en fin de poste, alors qu’un accord avait été signé le 1er juillet.
Pour Vincent Bonnier, ces grèves chroniques représentaient une diminution de la production de 50 %, en raison des longs temps de redémarrage des machines. Avec pour conséquences à court terme des « commandes de papier à d’autres papeteries pour alimenter Chamalières », « l’ajustement de l’organisation du travail et de l’évolution des effectifs pour s’adapter au niveau de production », et surtout, à long terme (5-10 ans), « renoncement par la Banque de France au modèle de production intégré (papeterie + imprimerie) ».
Autrement dit, dans le même courrier, « la production de papier fiduciaire par Europafi (la papeterie de Vic-le-Comte, NDLR) serait arrêtée », la direction s’interrogeant en outre « sur l’opportunité de poursuivre les travaux sur le projet Refondation ».La Banque de France a implanté son imprimerie à Chamalières il y a plus d'un siècle. Photo Rémi Dugne
« Un problème d’adhésion à notre schéma »Alors que le travail a repris normalement à partir de la mi-juillet, Vincent Bonnier s’attache désormais à calmer le jeu : « Il était important de dire au personnel que la situation était devenue critique. Il fallait qu’il soit conscient des conséquences d’une capacité de production durablement limitée à 50 %. On ne peut pas engager des investissements publics très lourds avec une opposition sociale qui cherche systématiquement à désorganiser le processus de production. Nous avons un problème d’adhésion à notre schéma de développement industriel si j’en juge par différents tracts syndicaux. Je souhaite que nous reprenions un dialogue social plus constructif pour sortir par le haut de cette situation difficile ».
« Chantage »Ce n’est pas gagné, au regard de la réaction de la CGT, syndicat largement majoritaire dans l’entreprise (72 % tous collèges confondus, 89 % chez les ouvriers).
« Pour nous, la remise en cause du projet Refondation, c’est du chantage et une déclaration de guerre », estime François Vaure, du bureau national CGT de la Banque de France.
« Projet au rabais »« De plus, c’est un projet au rabais. Nous avons l’impression que nos dirigeants font tout pour céder au privé un outil qui aura été renouvelé. Pour nous convaincre du contraire, il faudra du concret », ajoute le représentant syndical, pour qui l’investissement avancé, 220 M€, « ne coûte pas un centime à la Banque car économisé entièrement sur la masse salariale ». Et ce en faisant passer l’effectif de Chamalières de 1.000 en 2014 aux 492 transférés en 2025. « Et même 450, si on tient compte du centre fiduciaire, qui sera supprimé ».