Pourquoi l'hôpital de La Valette à Saint-Vaury (Creuse) change de direction et ce que ça va changer
La décision doit être entérinée ce jeudi 12 septembre en conseil de surveillance : l’hôpital de la Valette à Saint-Vaury et celui d’Esquirol à Limoges vont partager la même direction. Le renforcement d’une coopération déjà ancienne et l’assurance, selon l’actuel directeur, du maintien de l’offre de soins en santé mentale.
La coopération du centre hospitalier La Valette avec celui d’Esquirol à Limoges ne date pas d’hier mais elle va franchir une nouvelle étape avec la nomination d’un directeur commun. Une convention doit être signée ce jeudi 12 septembre lors du conseil de surveillance, entérinant cette décision dont le principe a déjà été acté en CTE et CME (Comité technique d’établissement et Commission médicale d’établissement, N.D.L.R.). Le point avec l’actuel directeur de La Valette, Jean Couret.
À l’origine de la coopérationAncienne puisqu’elle date de la création de l’hôpital en 1961 – l’hospitalisation des enfants se faisant en effet à Esquirol – la coopération avec l’établissement limougeaud n’a cessé de s’amplifier. « Déjà parce que La Valette fait partie du GHT (Groupement hospitalier de territoire, N.D.L.R.) du Limousin, explique Jean Couret. Ensuite, l’évolution des territoires nous a mis en délicatesse au niveau de notre attractivité pour recruter des médecins. Ce qui nous a conduits à recourir à l’intérim ces dernières années et à bénéficier de l’intervention de praticiens d’Esquirol. » Une coopération également renforcée dans le cadre du PTSM, un projet territorial de santé mentale coordonné par Esquirol pour les trois départements du Limousin : « Nous avons eu la charge d’élaborer ce projet pour la Creuse entre 2018 et 2019, détaille l’actuel directeur du centre hospitalier de La Valette. Nous en attendons d’ailleurs la validation par l’Agence régionale de santé. »
Ce que cette coopération a déjà permisL’ouverture d’un hôpital de jour de psychiatrie périnatal à Guéret (ouvert au premier trimestre de cette année, il doit être inauguré le 30 septembre prochain), la mise en place de deux pôles inter-établissements (l’un en addictologie, l’autre en psychiatrie adulte), l’ouverture prochaine d’un hôpital de jour en addictologie (dix places), la labellisation d’un centre de soins en réhabilitation psycho-sociale et surtout le recrutement de nouveaux praticiens hospitaliers depuis le début de l’année : « Ces recrutements n’auraient pas été possibles sans cette coopération qui nous rend plus attractifs », souligne le directeur. En rappelant que « l’objectif ultraprioritaire, c’est de maintenir l’offre de soins ». Avec cette coopération de plus en plus étroite avec Esquirol, « on étoffe l’offre. Depuis mon arrivée ici en septembre 2017, on travaille au renforcement de cette coopération pour garantir les soins en santé mentale sur la Creuse ».
Pourquoi une nouvelle direction ?« Durant le deuxième semestre 2018, l’ARS nous a demandé un renforcement de cette coopération et, dans le prolongement, de créer les conditions pour une direction commune. Nous avons considéré qu’il fallait essayer cette co-direction que seul le conseil de surveillance peut décider. En juillet, toutes les instances en ont adopté le principe. Bien sûr, le CTE a émis des réserves mais il a donné son accord pour tenter l’expérience. Et en début de semaine, le CME et le CTE ont voté pour cette direction commune. » Jean CouretIl faut dire que depuis un an, un long travail de préparation a été mis en place. « On a quatre, cinq séries d’instances par an et à chaque fois, on a évoqué le sujet. » Des discussions facilitées notamment « par le recrutement de praticiens ».
Quels changements pour le personnel et l'offre de soins en Creuse ?« Bien sûr, quand il y a un tel changement, le personnel émet des craintes, reconnaît le directeur. Celles de se voir absorbé par le plus gros, de perdre son emploi, de perdre des services, d’être obligé d’aller travailler à Limoges. Mais toutes ces craintes ont été levées. Ce n’est pas une fusion des établissements. Dans la convention, il est d’ailleurs fait mention des obligations à respecter. On garde ainsi le personnel et les instances dans chaque établissement. Il n’y aura pas de mobilité du personnel sans son accord. » L’établissement conservera également ses lits (*). À noter aussi que du côté creusois comme du côté haut-viennois, les deux établissements sont à l’équilibre financièrement. Enfin, la convention sera signée pour un an, renouvelable tacitement mais « si un jour, il y a un souci, on arrête cette direction commune. La stratégie de cette convention, c’est du gagnant-gagnant avec une politique spécifique pour la Creuse et pour la Haute-Vienne. Il s’agit de donner de la cohérence à l’ensemble. »
Quid de cette nouvelle direction ?« C’est toujours l’établissement le plus important qui dirige. Jusqu’au 31 décembre, ce sera une direction par intérim, assurée par le directeur d’Esquirol, Thomas Roux, et son équipe. Et dès janvier, la direction commune sera officiellement mise en place avec un directeur délégué pour la direction hospitalière et un directeur adjoint. » (*) 120 lits et 10 autorisés en SSR.Séverine Perrier