Vignoble AOC de Saint-Pourçain : une dizaine d'hectares de vigne pourraient être déclassés

Une dizaine d’hectares pourraient être déclassés par l'INAO (Institut national de l'origine et de la qualité) sur le vignoble AOC de Saint-Pourçain. Mais Jean-Michel Ferrier reste "confiant" sur ce dossier. Le président du syndicat des viticulteurs espère obtenir un nouvelle dérogation repoussant l'échéance.

Une dizaine d’hectares pourraient être déclassés par l'INAO sur le vignoble saint-pourçinois. C’est l’un des sujets qui a occupé l’assemblée générale du syndicat des viticulteurs. Le point avec son président, Jean-Michel Ferrrier.

Le déclassement d’une dizaine d’hectares de vigne revient sur la table 

Il y a dix ans, en 2009, le saint-pourçain décrochait l’AOC. Mais l’Institut national des appellations d’origine avait conditionné cet aboutissement au déclassement d’une dizaine d’hectares de vigne, principalement des parcelles de blanc.Pour justifier sa décision, l’INAO avait notamment mis en avant la nature hydromorphe des sols concernés, c’est-à-dire des sols à forte rétention d’eau qui ne correspondaient pas au cahier des charges de l’AOC.

Jean-Michel Ferrier, président du syndicat des viticulteurs de Saint-PourçainDix hectares de production supprimés et, par ricochet, des retombées commerciales forcément négatives : cette sentence avait fait l’effet d’une petite bombe dans le vignoble. Finalement, le syndicat des viticulteurs de saint-pourçain avait réussi à repousser l’échéance en obtenant une dérogation de dix ans. Jusqu’en 2019, donc.

En clair, nous y sommes : il n’y a plus de sable dans le sablier. Alors les hectares concernés seront-ils déclassés ? Jean-Michel Ferrier, le président du syndicat des viticulteurs, ne cache pas qu’il espère vivement obtenir une seconde dérogation :

« Nous avons beaucoup défendu ce dossier auprès de l’INAO et je suis relativement confiant quant à son issue positive. Nous espérons être entendus. On ne peut pas se priver de ces hectares en vin blanc, alors que,  en 2017 encore, en raison des aléas climatiques, nous n’avons pas assez produit pour honorer toutes les commandes » 

Renforcer l’identité du saint-pourçain blanc avec le tressallier 

Il se caractérise par sa finesse, sa vivacité, sa fraîcheur. C’est le tressallier. Ce cépage autochtone n’existe que dans le vignoble saint-pourçinois et fait la typicité de ses vins blancs. Pour « renforcer l’identité du saint-pourçain », le syndicat des viticulteurs ambitionne d’augmenter son pourcentage dans l’assemblage des blancs de l’appellation :

Actuellement, le minimum de tressallier entrant dans la composition d’une bouteille de blanc est de 20 % mais nous voudrions pousser ce minimum à 30 %, explique Jean-Michel Ferrier. Quant au maximum autorisé, il est de 40 %. Nous souhaiterions l’augmenter jusqu’à 60 %.

Le tressallier est un cépage autochtone qui n'existe que sur le vignoble saint-pourcinois 

Ce changement dans l’assemblage des blancs AOC représenterait une vraie révolution. Et pas seulement en qui concerne leur goût. Alors qu’il ne couvre qu’un quart de la surface plantée en blanc, le tressallier gagnerait beaucoup de terrain dans le vignoble saint-pourcinois… Ce qui impliquerait notamment des modifications importantes de son cahier des charges. Mais rien n’est encore fait. Si cette nouvelle orientation a été validée, jeudi, lors de l’assemblée générale du syndicat des viticulteurs, elle devra également être approuvée par l’INAO. En septembre prochain, il dépêchera sur place une commission d’experts qui procéderont à une dégustation. 

Plus de souplesse pour l'arrachage. Sur les parcelles comportant moins de 4.000 pieds de vigne à l’hectare, l’INAO avait imposé l’arrachage de tous les pieds de vigne ne répondant pas aux normes du cahier des charges de l’AOC. Pour atteindre cet objectif, les vignerons saint-pourcinois devaient respecter des délais comportant plusieurs étapes successives jusqu’en 2045. Mais cette procédure a été assouplie, se réjouit Jean-Michel Ferrier : « Les délais fixés pour arracher progressivement ces pieds de vigne étaient trop contraignants… Économiquement et qualitativement, c’était un non-sens. Mais en contrepartie d’un abattement de rendements imposé aux vignerons concernés, la procédure a changé. Ils pourront arracher à leur rythme, quand ils le veulent. La seule obligation restante, c’est qu’ils aient tout terminé en 2045 ».  

Antoine Delacou