Un réseau de proxénétisme démantelé à Brive
Une femme âgée de soixante-sept ans, soupçonnée de louer des appartements à des prostituées depuis de longues années à Brive a été interpellée ce lundi avec cinq de ses proches. Une activité qui leur aurait rapporté de très importantes sommes d'argent.
Six personnes ont été interpellées ce lundi 17 juin à Brive, dans le cadre d'une vaste enquête débutée en avril 2017, portant sur des faits de "proxénétisme hôtelier".
Deux femmes et trois hommes tous issus du "même environnement familial" ont été placés sous contrôle judiciaire ce jeudi 20 juin, à l'issue de leur garde à vue. Ils seront jugés devant le tribunal correctionnel de Brive, le vendredi 28 novembre. Aucune charge n'a été retenue contre la sixième personne.
Qui sont les mis en cause ?La principale suspecte est âgée de soixante-sept ans et n'était jusqu'ici pas connue de la justice. Elle est la seule à être poursuivie pour le délit de proxénétisme, les quatre autres personnes étant soupçonnées de "complicité".
La sexagénaire, qui vit à Brive depuis longtemps, "menait une existence discrète", a indiqué le procureur de la République de Brive, Yann Le Bris. Propriétaire d'une trentaine d'appartements, elle en louait une dizaine à proximité immédiate du centre-ville de Brive, "en toute connaissance de cause" à des prostituées. Cette pratique durait "depuis de nombreuses années", mais semble avoir pris de l'ampleur depuis novembre 2016.
Cette petite entreprise aurait rapporté gros à cette femme, dont le train de vie ne correspondait en rien à son statut de retraitée. Une perquisition à son domicile a notamment permis de saisir 40.000 euros en liquide ainsi que "plus de 4 kilos d'or en bijoux", dans un coffre fort. 130.000 euros, qui se trouvaient sur ses comptes bancaires, ont également été confisqués, tout comme trois appartements estimés à 230.000 euros.
Les autres mis en cause, dont la fille de la sexagénaire, avaient eux aussi "un train de vie anormal", alors qu'ils n'avaient aucune activité professionnelle. D'importants dépôts d'argent liquide sur leurs comptes en banque ont notamment été constatés.
Qui sont les prostituées et comment arrivaient-elles à Brive ?Les enquêteurs ont identifié une dizaine de prostituées : des femmes ou des transexuels originaires d'Amérique latine, d'Espagne, des pays de l'Est, qui occupaient simultanément les appartements, "loués pour une ou deux semaines" par la propriétaire. Elles ont été entendues dans le cadre de l'enquête, mais "aucune poursuite n'a été engagée contre elles, en l'état".
"Cela se savait vraisemblablement qu'il était possible de louer, à Brive, des logements pour proposer des actes sexuels tarifés", détaille Yann Le Bris. Les clients contactaient ensuite les prostituées par le biais de sites d'annonces, sur internet. Certains d'entre eux ont également été entendus, dans le cadre de l'enquête.
Difficile, pour autant de savoir si ces prostituées itinérantes appartiennent à un réseau ou travaillaient pour leur propre compte.
Une "nouvelle forme de prostitution"C'est une affaire qui sort vraiment de l'ordinaire", a indiqué le procureur de Brive. "On a souvent en tête l'image de la prostitution de rue, mais il y a d'autres formes qui se développent. A Brive, c'est une forme de prostitution discrète en enracinée, qui se pratique dans des appartements".
Discrète, mais pas indétectable puisque ce sont des voisins, alertés par le "va et vient" des clients qui ont prévenu le commissariat. Certains jours, il y avait même la queue sur le trottoir, ces hommes devant patienter en attendant leur tour.
L'enquête est-elle bouclée ?Non. "Pour le moment, le travail des enquêteurs se concentre sur les personnes qui organisaient la venue des prostituées, affirme Yann Le Bris. "Mais il y aura d'autres volets, notamment un volet fiscal car il y a en jeu des sommes importantes qui n'avaient évidemment pas été déclarées."
Tanguy Ollivier
Le procureur de la République a insisté sur la synergie dont ont fait preuve les enquêteurs du commissariat de Brive et leurs collègues du GIR de Limoges. Ce service a été co-saisi le 17 mai 2018, afin notamment d'effectuer un travail autour du patrimoine des suspects. A la fin de l'enquête, 25 enquêteurs de la police et du GIR travaillaient sur cette affaire hors norme.