Le corps pour moyen d'expression aux Etoiles du sport, à Vichy
Réservés au début de la séance, les participants à l’atelier « expression corporelle », organisé pendant trois jours dans le cadre des Étoiles du sport, ont libéré leur parole au terme d’un échauffement mené par le chorégraphe Bastien Lefèvre et le comédien Jacques Gamblin.
C’est son outil de travail. La machine qui lui permet d’atteindre la performance. Mais il est aussi parfois son ennemi, quand il trahit une fatigue ou des doutes, ouvre une faille dans laquelle l’adversaire va s’engouffrer. Le corps est le moyen d’expression du sportif. Rien d’étonnant, dès lors, à ce que l’université d’été des Étoiles du sport, qui se tient jusqu’à demain à Vichy, lui consacre un atelier, animé par le danseur et chorégraphe Bastien Lefèvre et le comédien Jacques Gamblin.
Echauffement par deuxPour commencer la séance, les espoirs doivent se déchausser. Là, sur la moquette de la salle de l’hôtel Mercure, les sportifs se tiennent par la main, en rond, les yeux fermés. D’une petite pression des doigts, ils doivent faire circuler une énergie, comme un courant qui passe de main en main. Ils sont invités à dire à tour de rôle une phrase, n’importe laquelle. Les mots ont du mal à sortir. Puis vient le temps de l’échauffement, deux par deux. Après les massages de la main, de l’épaule, de la nuque, les duos prennent possession de l’espace, bougent dans la pièce.
Le « moteur » guide le « dormeur » aux yeux fermés. Toujours sur les instructions de Bastien Lefèvre, les corps s’animent, se frôlent, puis s’entrechoquent, comme dans un métro à l’heure de pointe, miment un troupeau qui piétine, une danseuse classique, un imbécile heureux.
Sofia : « Je ne me suis pas reconnue »Petit à petit, les corps se libèrent. La parole aussi. Envolée la timidité du début de séance. Invitée par Jacques Gamblin à raconter une histoire, Sofia salive à haute voix devant un plat de lasagne imaginaire, elle la boxeuse tenue de surveiller en permanence son poids. « Je ne me suis pas reconnue », avouera-t-elle à la fin de l’atelier. « Lâcher prise », « émue », « suspendue », « un état de bien-être », « sorti de ma zone de confort »… Chacun avec ses mots a qualifié ses impressions et mesuré le cheminement qui a été le sien durant cette séance de travail. « Les sportifs ont l’habitude de maîtriser leurs corps dans leur discipline. Là, ils se sont jetés dans le vide », a apprécié Bastien Lefèvre.
Olivier Rezel