Au procès Sarkozy, la défense souligne la faiblesse des écoutes à charge
La défense a dénoncé un dossier d'accusation bâti sur les "sables mouvants" d'écoutes téléphoniques "illégales" et dépourvues de "valeur probante".
"Il n'y a pas d'autre charge dans ce dossier" que ce "matériau incertain" a déclaré Me Jacqueline Laffont, avocate de M. Sarkozy, jugé avec son avocat historique et ami Me Thierry Herzog et un ancien magistrat, Gilbert Azibert.
Le ministère public a à l'inverse fustigé une affaire d'une "gravité sans précédent", et réclamé mercredi trois ans de prison avec sursis pour les trois hommes.
Après de cette dernière journée, la cour d'appel de Paris rendra sa décision le 17 mai.
En première instance une peine de trois ans de prison dont un ferme avait été prononcée contre les trois coprévenus, faisant de M. Sarkozy le premier ex-président de la Vème République condamné à de la prison ferme.
L'affaire trouve son origine dans les interceptions téléphoniques de conversations entre M. Sarkozy et Me Herzog début 2014, dont les téléphones ont été été "branchés" par les juges chargés de l'enquête sur des soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007, qui lui valent aujourd'hui une autre mise en examen.
Les enquêteurs découvrent alors l'existence d'une troisième ligne mise en service le 11 janvier 2014 sous l'alias "Paul Bismuth" et dédiée aux échanges entre l'ex-président et son avocat.
Au fil de conversations qu'ils pensent à l'abri des oreilles indiscrètes se dessine, selon l'accusation, un pacte de corruption noué avec Gilbert Azibert, avocat général à la Cour de cassation, la plus haute juridiction française, qui aurait usé de son influence contre la promesse d'une intervention pour sa carrière.
Selon l'accusation, ces écoutes démontrent que Gilbert Azibert aurait fourni, via Me Herzog, des informations confidentielles à Nicolas Sarkozy sur un pourvoi alors formé par l'ex-président devant la Cour de cassation dans l'affaire Bettencourt, une affaire politico-financière.
Au nom de la confidentialité des échanges entre un avocat et son client, ces retranscriptions d'écoutes "n'auraient jamais dû exister", selon un autre avocat de la défense, Me Hervé Temime. Elles ont, de surcroît, donné lieu à des "résumés totalement contraires à la réalité" et des "contresens", insiste-t-il.
Les perquisitions n'ont pas permis de trouver trace du document secret qu'aurait obtenu Gilbert Azibert et aucun témoin n'a confirmé avoir été approché par ce magistrat pour changer le sens de leurs délibérations.
Une enquête préliminaire sur l'existence d'une possible taupe ayant informé Nicolas Sarkozy qu'il était sur écoutes s'est par ailleurs soldée par un non-lieu.
"Il y a eu des montagnes d'investigations qui n'ont abouti à rien, au néant" et n'ont pas corroboré les "indices" contenus dans les écoutes, a abondé Me Laffont en appelant la cour à prononcer la relaxe.