"Knock, knock", un thriller avec Keanu Reeves en quadra victime des smartphones
L'acteur canadien Keanu Reeves et le réalisateur américain Eli Roth ont présenté samedi en avant-première mondiale à Deauville "Knock, knock", un thriller dans lequel un père de famille se retrouve piégé par deux jeunes filles diaboliques armées de smartphones et des réseaux sociaux.
Le film était projeté samedi à 17H00, hors compétition, au festival du cinéma américain qui se tient jusqu'au 13 septembre à Deauville, avant sa sortie en France le 23 septembre.
Evan Webber (Keanu Reeves) est un architecte de 43 ans qui a l'air heureux avec sa femme et ses deux enfants. Il vit à Hollywood dans un pavillon lumineux et chaleureux parmi les ?uvres de son épouse admiratrice de Gaudi, ses vinyles d'ancien DJ et les photos en grand format des membres de cette famille semble-t-il épanouie.
Mais un soir, alors que Karen, son épouse, est partie à la mer avec les enfants et qu'Evan est resté seul à la maison pour boucler un projet, deux jeunes filles à peine sorties de l'adolescence sonnent à la porte.
Le quadragénaire charpenté ne se méfie pas de ces frêles et jolies gamines très légèrement vêtues et trempées par la pluie qu'un taxi a laissé selon elles par erreur devant le pavillon. Evan leur propose bientôt d'entrer chez lui où elles vont progressivement refermer sur lui leur étau, le contraignant presque à l'adultère pour mieux le torturer, surtout psychologiquement, à grand renfort de culpabilisation.
"Evan n'est pas vraiment satisfait de sa vie. Il n'a pas couché avec sa femme (depuis longtemps). Mais il refuse de le voir et ça lui revient" comme un boomerang, a estimé lors d'une conférence de presse "en franglais" Eli Roth, le réalisateur, qui a été acteur pour Tarantino.
Le scénario peut évoquer "Funny Games" de Michael Haneke, souligne Bruno Barde, directeur de la programmation du festival.
- "Une seule goutte de sang" -
Sauf qu'entre-temps, presque deux décennies se sont écoulées. Smartphones et réseaux sociaux ont tissé leur toile et un nouveau fossé s'est creusé entre les jeunes et les anciens, inconscients de la brutalité potentielle de ces nouvelles technologies, selon Roth.
"Je ne juge pas. Je commente juste ce que je constate", a répondu Eli Roth, interrogé par l'AFP sur le rôle d'internet dans la destruction de l'intimité dans ce film.
"Dans un monde où les gens sont revenus de tout, et où plus rien ne choque, toute une génération d'ados sont en quête d'attention et de reconnaissance sur les médias sociaux ? chacun se battant pour obtenir plus de "likes" que les autres", écrit Roth, lui même quadragénaire, dans le dossier de presse.
Les diablesses font entrer dans la maison du bonheur un monde qui ne respecte plus rien et les pousse à détruire les sculptures de Karen avec une allégresse d'écervelées, à faire suffoquer un trentenaire asthmatique.
Connu pour ses films d'horreur, Roth a choisi cette fois de ne faire couler "qu'une (seule) goutte de sang".
"Les autres fois c'était des bras, dans ce film c'est l'art qu'on détruit", a résumé le pétillant réalisateur.
Quelques pointes d'humour émergent ça là de l'angoisse générale. "On a beaucoup ri en tournant", a souligné Lorenza Izzo, qui joue une des deux jeunes filles. "C'était marrant de se faire torturer de façon cinématographique", a renchéri Keanu Reeves.
Dans la matinée, le public a abondamment applaudi "99 homes", le premier film de la compétition projeté, qui était aussi en compétition à Venise en 2014. Un "film social qui a viré au thriller", montrant une Amérique où l'expulsion des gens de leur maison est devenue "un sport national", a résumé son réalisateur Ramin Bahrani, aux côtés de l'acteur Michael Shannon ("Les Noces Rebelles").