Face à la dissidence Macron, Hollande conserve le tempo
Pressé d'accélérer le tempo pour 2017 face à la dissidence d'Emmanuel Macron, François Hollande compte s'en tenir à son calendrier mais va multiplier dans les prochaines semaines les signaux en direction des Français.
Dès son retour de la Chine et du Vietnam, le 8 septembre, le chef de l'Etat montera sur la scène de la Salle Wagram à Paris.
Ce sera l'occasion de poser un nouveau jalon d'une pré-campagne présidentielle qui ne dit pas encore son nom, avec un discours sur le thème de "la démocratie face au terrorisme". Quatre mois plus tôt, il dressait déjà le bilan de son quinquennat sur une autre scène, celle du Théâtre du Rond-Point.
Le discours de Wagram (la bataille de Wagram a été une victoire décisive pour Napoléon en 1809) sera aussi l'occasion pour François Hollande de se poser une nouvelle fois en garant de l'Etat de droit face à la menace terroriste et aux dérives "autoritaires" de la droite et de l'extrême droite et d'évoquer sa vision de la laïcité avec, en toile de fond, la polémique sur le burkini.
Alarmés par l'offensive éclair d'Emmanuel Macron qui a pris de cours le sommet de l'Etat en claquant la porte du gouvernement mardi, les caciques du PS ont cependant appelé François Hollande à presser la pas.
A commencer par le président du groupe socialiste à l'Assemblée, Bruno Le Roux, qui a jugé nécessaire que "le président donne dès la semaine prochaine un signal de candidature".
Mais le principal intéressé, qui a répété à de multiples reprises qu'il ne dirait qu'en décembre s'il brigue un nouveau mandat, n'entend pas céder à ces pressions amicales et temporise, fidèle à son tempérament.
"J'ai annoncé que ce serait au début du mois de décembre et rien ne va changer", a-t-il confié à des visiteurs.
Seule concession à l'avalanche de candidatures à gauche: des interventions de plus en plus "prospectives" destinées à adresser aux Français un message subliminal d'entrée en campagne.
"Le meilleur signe, c'est de montrer qu'il y a un projet qui va au-delà de 2017. Il n'est pas nécessaire de précipiter les choses, ce serait même un signe de fébrilité ou d'inquiétude", confie un proche du chef de l'Etat.
- Candidature de "témoignage" -
Lui-même en a donné un avant-goût jeudi, à l'occasion de la rentrée scolaire, annonçant sa volonté de réformer le lycée après avoir réformé le collège. Une manière "de se projeter dans l'avenir", comprendre au-delà de 2017, a commenté la ministre de l'Education nationale, Najat Vallaud-Belkacem.
D'autres messages seront moins subliminaux et nettement plus sonnants et trébuchants. Comme la baisse des impôts des ménages qui, bien qu'inférieure aux 2 milliards d'euros espérés, sera bien annoncée la semaine prochaine, selon le ministre de l'Economie et des Finances Michel Sapin.
Mais comment justifier une nouvelle candidature ? "De nouveaux enjeux justifient de nouvelles réponses, de nouvelles réponses appellent de nouvelles méthodes, par exemple le dialogue social, le compte d'activité, la mobilité au travail", avance l'entourage présidentiel.
Bref, il s'agirait de susciter un "espoir" de renouveau après 2017 en dépit d'une cote de popularité présidentielle qui reste désespérément scotchée sous la barre des 20%.
François Hollande, quoi qu'il en soit, n'a nullement l'intention de se contenter d'une candidature de "témoignage", ajoute son entourage qui assure que "la gauche peut être présente au second tour de la présidentielle si elle est réunie", avec "une victoire possible ensuite, soit contre la droite soit contre l'extrême droite".
Qu'en dit François Hollande lui-même ? "L'envie, je l'aie, c'est mon inclination personnelle" mais "je ne ferais pas de choix de candidature si, d'évidence, elle ne pouvait se traduire par une possibilité de victoire", a confié le chef de l'Etat aux journalistes Antonin André et Karim Rissouli, auteurs de "Conversations privées avec le président".