Pourquoi le rap français s’est mis à la musique africaine
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C’était l’un des moments les plus saisissants des Victoires de la musique 2016, autrement aussi ronflantes que d’habitude: Maître Gims sur scène, avec lunettes de soleil, nœud pap’ et veste en croco, entouré d’une cohorte de sapeurs tirés à quatre épingle. Le rappeur parisien y interprétait son tube infectieux, «Sapés comme jamais», sacré meilleure chanson originale.
On pensera ce qu’on veut du parcours de l’ex-commandant de Sexion d’Assaut, devenu icône d’une pop urbaine gentillette. Mais ce qu’on a vu ce soir-là, c’est un artiste qui mélange rap, pop et rumba congolaise en train de recevoir, devant 2,9 millions de téléspectateurs, l’onction sacrée d’une institution de la variété française. C’est quand même pas mal, comparé au vague mépris qui entoure la «world music» en temps normal. La musique africaine deviendrait-elle mainstream?
Car le succès de «Sapés comme jamais» n’est que le pendant le plus voyant d’une tendance de fond dans le rap français. Depuis 2015, tout le game s’y est mis: Booba reprend un morceau du Malien Sidiki Diabaté avec «Validée», Gradur fait de l’afropop avec «Rosa», le rappeur camerounais Franko devient une star virale avec «Coller la petite»… Chez certains artistes émergents comme Niska ou Black Brut, l’esthétique trap d’Atlanta se mélange avec une approche dansante et des mots en lingala («shegué», «niama», «charo»…) ... Lire la suite