Des soupçons de pédophilie dans un lycée jésuite remontant aux années 1950
Après la révélation de soupçons de pédophilie dans un lycée jésuite parisien dans les années 1950 dont l'institution avait connaissance depuis 2010, le père Jean-Yves Grenet, le Provincial (responsable) des jésuites de France, a regretté mardi son "attitude d'attente".
Mardi matin, un ancien élève du prestigieux lycée Saint-Louis-de-Gonzague, aujourd'hui âgé de 70 ans, a affirmé à Radio France avoir subi des attouchements à l'âge de 8 ans, durant une colonie de vacances. Des faits qui remonteraient aux années 1950 et qui impliqueraient un père jésuite participant à l'organisation de ces vacances, et décédé en 2000.
"Quand il est passé devant moi, il s'est mis dans mon lit, il a commencé à me caresser le torse en passant ses mains sous ma veste de pyjama et, à un moment, il a passé sa main à l'intérieur de ma culotte de pyjama, sur les fesses", a témoigné Jean-Pierre Martin-Vallas.
Selon Radio France, M. Martin-Vallas avait, il y a plusieurs années, recueilli une dizaine de témoignages d'autres anciens élèves du lycée disant eux aussi avoir subi des attouchements. Il avait alerté l'établissement en 2010 et réclamé une enquête interne, n'obtenant qu'une fin de non-recevoir de la part du père Grenet.
Lors d'une conférence de presse mardi après-midi, le père Jean-Yves Grenet a dit "regretter profondément" sa décision de l'époque.
"Face au décès de l'auteur de ces actes, face à l'absence de traces dans l'institution, j'ai adopté une attitude d'attente d'éléments supplémentaires qui pourraient ouvrir des pistes de compréhension de ce qui s'était passé", a expliqué le responsable des jésuites français, regrettant aussi de n'avoir "pas fait contacter les anciens de l'établissement de l'époque".
Une semaine après la conférence des évêques de France et l'annonce de plusieurs mesures contre la pédophilie, le père Grenet a indiqué qu'il entendait travailler "en concertation" avec les instances de l'Eglise de France pour décider des "modalités d'action à prendre pour aider à une vérité sur l'affaire". Il a indiqué qu'il prendrait une décision d'ici juin.
"D'autres personnes pourraient être amenées à s'exprimer et nous les écouterons", a-t-il poursuivi, les invitant à contacter le "groupe d'accueil et de veille" mis en place par les jésuites en 2014 pour les situations d'abus sur les personnes, dont la pédophilie.
Le père mis en cause par Jean-Pierre Martin-Vallas était présent dans l'établissement entre 1946 et 1977.
L'Eglise catholique en France est ébranlée depuis plus de deux mois par des révélations d'affaires de pédophilie ou d'agressions sexuelles impliquant des prêtres. L'archevêque de Lyon, le cardinal Philippe Barbarin, est ciblé par deux enquêtes pour "non-dénonciation" d'agressions sexuelles.