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Kigali, ou l’Europe après l’Europe

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Au Rwanda, l’Etat ne craint pas d’imposer la paix et l’ordre par la force. Certes, cela peut scandaliser un Européen, mais en Europe nous sommes allés trop loin dans l’autre direction. Nous n’avons même plus le courage de défendre la liberté. Le témoignage de Charles Rojzman.


Kigali ne promet rien. Elle ne console pas. Elle n’explique pas. Elle impose. On y marche comme sur une terre lavée après le massacre, quand les corps ont disparu mais que le sol se souvient. Tout y est calme — non pas d’un calme aimable, mais d’un calme tenu, serré, presque militaire. Rien ne traîne. Ni les déchets, ni les regards, ni les vies inutiles.

Je m’y suis promené avec cette gêne particulière que l’on éprouve lorsqu’une ville vous enlève vos excuses. Pas de drogue visible, pas de dealers régnant sur le trottoir, pas de misère agressive, pas de harcèlement, pas de peur rampante. Cette peur européenne — quotidienne, honteuse, intériorisée — n’a pas droit de cité ici. Même la nuit semble surveillée par une volonté supérieure.

La police n’y est pas un sujet de débat. Elle est un fait. Et chacun le sait : toute attaque contre un policier appelle une réponse immédiate, radicale, sans pitié ni concession. On ne teste pas la loi. On ne la provoque pas. On ne l’insulte pas pour éprouver ses nerfs. Celui qui s’y risque ne rencontre ni psychologue, ni sociologue, ni juge indulgent. Il rencontre l’État. Nu. Décidé.

Cette certitude suffit. La violence est arrêtée avant même d’avoir été pensée. Là où l’Europe multiplie les mots pour masquer son impuissance, le Rwanda tranche. Et parce qu’il tranche, il n’a presque jamais besoin de frapper.

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Mais l’ordre rwandais ne s’arrête pas à la rue. Toute opposition sérieuse y est sévèrement sanctionnée. Contester n’est ni un sport institutionnel ni une posture morale : c’est un risque. Le Rwanda gouverne par la cicatrice. Il a vu l’État s’effondrer, la société devenir meute, les voisins s’égorger. Depuis, il ne croit plus aux demi-mesures. Il a choisi la continuité contre la liberté, la survie contre le débat, l’ordre contre la parole. Ce choix est brutal, parfois criminel. Mais il est assumé.

C’est précisément cela qui scandalise l’Européen — et qui le condamne.

Car moi, Européen tardif, pacifiste par tempérament, j’ai cru à la parole qui désarme, à la rencontre qui apaise, au lien qui sauve. Dans mon travail, j’ai réuni des ennemis et des antagonistes. J’ai vu la haine reculer lorsque la peur cessait d’être niée, lorsqu’elle devenait dicible, partageable, humaine. J’ai vu l’ennemi cesser d’être une abstraction pour redevenir un visage. J’ai vu des hommes déposer leurs armes intérieures. J’ai vu, parfois, la paix commencer — non comme un miracle, mais comme un effort.

Mais cette paix n’a jamais été collective. Elle a toujours été fragile, individuelle, groupale. Elle exigeait du temps, de la présence, du courage intime. Et surtout, elle se faisait contre quelque chose : contre la pression de la tribu, contre la force de la communauté lorsqu’elle se referme sur elle-même, dirigée par des chefs, des idéologues, des gardiens de la pureté qui ne veulent aucun dialogue. J’ai vu ceux qui osaient normaliser l’ennemi devenir des traîtres aux yeux des leurs. J’ai vu des hommes et des femmes punis, menacés — parfois assassinés — pour avoir parlé. La paix individuelle devenait alors une faute collective. Le courage du dialogue se payait comme une trahison.

C’est là que se brise l’illusion occidentale la plus dangereuse : croire que la parole suffit là où règne la loi de la tribu. La haine peut être désarmée chez un individu ; elle renaît aussitôt dans le corps collectif lorsque celui-ci est gouverné par la peur, l’humiliation et le mythe identitaire. Là où l’État est faible, la communauté devient souveraine. Et la communauté, lorsqu’elle est blessée, ne pardonne pas à ceux qui désarment.

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Kigali rend cette vérité visible avec une cruauté insupportable. Le Rwanda a choisi de neutraliser la tribu par la force de l’État. Il étouffe la haine non par la parole, mais par la contrainte. Ce choix écrase des libertés, détruit des oppositions, élimine parfois ceux qui parlent trop. Mais il empêche la communauté de redevenir meute.

Pendant ce temps, l’Europe se défait.

Elle se défait avec élégance. Elle appelle cela des valeurs. Elle a désarmé l’État, humilié la loi, transformé la sanction en débat. Elle a laissé la drogue coloniser ses quartiers, la rue devenir un territoire disputé, la violence redevenir un langage. Elle a appris aux femmes à baisser les yeux, aux vieux à rentrer plus tôt, aux honnêtes gens à se taire.

Elle a ouvert ses frontières sans pensée politique, confondant l’hospitalité avec l’abdication. Elle a accueilli sans exiger, protégé sans intégrer, expliqué sans décider. Elle a reçu des hommes qui la méprisent et haïssent ce qu’elle est, tout en jouissant de ce qu’elle offre. Et dans ce vide ont reparu les haines anciennes — l’antisémitisme surtout, fidèle comme toujours lorsque l’autorité se retire.

Le Rwanda gouverne par la peur. L’Europe gouverne par la honte.

Le Rwanda tranche pour prévenir. L’Europe explique pour excuser.

Il ne s’agit pas de devenir le Rwanda. Ce serait une autre mort. Il s’agit de savoir si l’Europe veut encore vivre.

Car voici la vérité que Kigali nous inflige comme une gifle : toute civilisation choisit le prix de sa paix. L’ordre a un coût. Le désordre aussi. La liberté sans autorité n’est pas une liberté, mais un abandon. Et l’État qui n’ose plus dire « non » prépare la victoire de ceux qui ne diront jamais « oui ».

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Ceci est peut-être un texte de trop. Peut-être un testament. Celui d’un Européen qui a cru à la réconciliation des êtres et qui voit sa civilisation se dissoudre faute d’avoir su protéger ceux qui osaient parler à l’ennemi. Nous n’avons pas perdu la paix : nous avons perdu le courage d’en assumer les conditions.

Et l’Histoire, elle, ne nous pardonnera pas d’avoir préféré la bonne conscience à la survie.

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