Le retour des sirènes de pompiers à Objat : huit mois après, qu'en pensent les habitants ?

Installées sur le toit du dojo municipal, qui domine la place du Foirail et le centre-ville, les sirènes des pompiers d’Objat ont fait leur retour hurlant, il y a huit mois, après seize années de silence. Qu'en pensent les riverains ?

Depuis octobre 2023, elles sonnent quand les pompiers partent en mission de secours. Une expérimentation décidée par le Sdis de la Corrèze afin de renouer du lien entre les pompiers et la population. Quel est le ressenti de ceux qui, sur la place du foirail, habitants et commerçants, sont aux premières loges ?

« Moi, elles me gênent clairement, réagit Didier, sans détours. La situation globale est déjà assez anxiogène comme cela. Cela rappelle des mauvais souvenirs. Et je trouve que remettre les sirènes pour répondre au manque de considération à l’égard des pompiers, c’est de la communication. Les politiques feraient mieux de s’emparer du problème et de la question des pompiers volontaires », assène ce voisin. Le reste du voisinage se montre beaucoup plus nuancé. Dans les faits, ces alertes sonores annonçant les départs en mission des soldats du feu n’ont pas été quotidiennes durant ces derniers mois. Loin de là. Pour les riverains, elles sont même moins présentes que le traditionnel coup de clairon du dimanche à 13 heures.

« Ça ne me dérange pas, ça ne sonne presque jamais »

De son salon de coiffure qui donne sur la place du foirail, Nicolas Brunet est formel. « Ça ne me dérange pas, ça ne sonne presque jamais. Je trouve que c’est très bien comme initiative, cela tisse du lien dans nos petits villages. Mais c’est vrai qu’elles sonnent moins souvent que par le passé », explique le coiffeur. « C’est vrai qu’à part les dimanches, on ne les entend pas vraiment. À mon époque, quand j’étais pompier, elles sonnaient beaucoup plus fréquemment. On voyait les gens descendre dans la rue pour voir ce qui se passait », réagit Michel, pompier pendant vingt ans.

Même constat pour Solène, qui tient un café près de la place du Foirail. « Je pense que les sirènes ne sont pas toujours bien interprétées. Récemment, elles ont sonné deux fois de suite. J’ai eu des clients inquiets qui ont préféré rentrer chez eux. Il n’y a peut-être pas eu assez d’information sur l’interprétation de ces sirènes », indique la commerçante.

Un manque de lisibilité

Pour la mairie, candidate pour mener l’expérimentation, il est difficile de réaliser un bilan pour le moment. « Je n’ai pas eu de retour positif ou négatif. On ne sait pas vraiment pour quelle raison ça sonne ou ça ne sonne pas. Il n’y a pas assez de visibilité selon moi pour que l’on comprenne. Il faut savoir pour quelles actions spécifiques elles se déclenchent. Mais cela reste une bonne initiative », explique le maire d’Objat Philippe Vidau.

Interrogé sur ce manque de lisibilité, le Sdis 19 s’explique. « La sirène est déclenchée à peu près cinq minutes après l’alerte sur le bipeur. Mais elle ne se déclenche pas pour toutes les opérations, seulement pour celles sur la voie publique et uniquement en journée. Au début, cela concernait seulement les interventions sur Objat, mais on a élargi le périmètre aux interventions dans les communes voisines », explique le colonel Guillaume Jean.

Pierre Vignaud