Un appel aux dons pour sauver l'église Notre-Dame de Jou-sous-Monjou (Cantal)

Au cœur du village de Jou-sous-Monjou, l’église Notre-Dame-de-l’Assomption souffre des outrages du temps. L’édifice est aujourd’hui menacé et nécessite une restauration d’urgence.

Des fuites au niveau de la couverture qui affectent la toiture et la charpente. De larges fissures sur les murs, causées par un affaissement du terrain, menacent l’intégrité structurelle. Un taux d’humidité très élevé à l’intérieur… Classée aux Monuments historiques en 1925, l’église Notre-Dame-de-l’Assomption, au cœur du joli village de Jou-sous-Monjou, dans le Carladès, souffre des outrages du temps et son état se dégrade dangereusement.« Il y a aussi un retable classé, la litre funéraire extérieure, le portail et plusieurs vitraux cassés qui nécessitent d’être restaurés, et le système électrique qui doit être mis aux normes », liste Éliane Capelle, présidente de l’association des amis de l’église de Jou qui, depuis 2004, se mobilise pour faire connaître cet édifice, construit au XIIe siècle et collecter des fonds pour sauver « ce joyau de l’art roman ».

L'historienne Claude Grimmer, marraine de l'association  

Marraine de l’association des amis de l’église de Jou, la Cantalienne et historienne Claude Grimmer est très attachée à cet édifice construit au XIIe siècle, sur les ruines d’un site carolingien.

« Dès l’extérieur, on peut admirer les remarquables modillons qui, à l’origine, ornaient le chevet et déplacés sous la corniche des chapelles latérales construites au XVe siècle. On y rencontre des couples, des animaux (loup, cerf, vache, serpent, oiseaux). Le monde familier des habitants du Moyen-Âge est sous nos yeux. »

« Dès l’entrée, on est surpris par le rétrécissement entre la nef et le chœur, entre le monde terrestre et le monde céleste, entre les fidèles et les clercs, explique Claude Grimmer. Dans de nombreuses églises, le jubé symbolise cette séparation. Ici, la saillie des murs donnant accès au chœur joue le même rôle d’autant que cette fermeture est accentuée par une inscription sur le chapiteau : “Soyez saint comme je suis saint dit le seigneur”, un idéal de perfection presque inaccessible pour l’ensemble des mortels, réservé à quelques-uns et soutenu par le chapiteau en dessous qui représente la foi inconditionnelle avec le sacrifice d’Abraham. »Mais cette église recèle bien des énigmes, selon Claude Grimmer. « Regardez les petites têtes sur le tailloir au-dessus des chapiteaux. Elles évoquent le culte celtique des têtes coupées. Que veut nous dire ce petit bonhomme sur un des chapiteaux avec sa lance et son olifant ? Et que penser de l’homme qui tient son pénis ? Ne rappelle-t-il pas l’appel de saint Pierre qui, reprenant la citation du Lévitique, demande au chrétien de changer de vie ? »

Une dotation de la Fondation du patrimoine

Cet automne, l’église a été remarquée par la Fondation du patrimoine, qui lui a attribué une dotation exceptionnelle de 100.000 €. Mais il manque encore 250.000 € pour boucler le financement nécessaire à la restauration de l’édifice, estimée à 1,7 million d’euros. D’où un appel aux dons de l’association. « Dans le cadre de la campagne de la Fondation du patrimoine consacrée aux églises rurales, les dons sont déductibles des impôts à 75 %, jusqu’à 1.000 euros », détaille Éliane Capelle.

L’association va, de son côté, continuer à collecter de l’argent, en organisant des visites guidées, des expositions temporaires, des concerts, des conférences… Elle souhaite également mettre en place un village de crèches artisanales, en fin d’année.

« Cette église romane de si grande qualité doit absolument être préservée de sa destruction pour permettre au plus grand nombre de profiter de sa splendeur, insiste Éliane Capelle. La sauvegarder, c’est préserver l’identité du village, c’est conserver et valoriser ce patrimoine commun, c’est maintenir l’attractivité touristique de la région. »

Pour faire un don, rendez-vous sur le site internet : https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/eglise-notre-dame-de-lasomption-jou-sous-monjou.

Emmanuel Tremet