Léonor de Récondo virtuose des mots avec Le grand feu

Bébé, Ilaria est confiée à la Pietà, une institution qui enseigne la musique aux fillettes abandonnées dans la Venise de 1699. Enfant, Ilaria voudrait chanter, mais c'est le violon qu'elle étudie auprès de Vivaldi. C'est une élève douée et appliquée qui donne toute satisfaction à son prestigieux maître.

Les Vénitiens se pressent pour entendre les jeunes interprètes dissimulées derrière des grilles, à l'église. Car, si elles bénéficient des meilleurs enseignements, ces enfants, puis filles, puis femmes, sont enfermées.

Rêver le monde

Comment donner toutes les nuances à la musique quand on ne connaît pas le monde? En le rêvant? Ilaria ne peut s'en satisfaire.

Une amitié indéfectible va lui permettre, en lui offrant une autorisation de sortie, d'apercevoir les beautés de la ville où elle vit, tout en ne connaissant que les murs de l'institution.

La musique, même si elle veut s'en convaincre, est-elle réellement une compensation à l'amour manquant? ou plutôt une modeste réparation?

Puis, c'est l'amour qui surgit, et Ilaria découvre une autre dimension à la musique en même temps que le désir.

Violoniste, l'auteure est aussi une virtuose des mots pour dire la passion qui consume Ilaria.

Pascale Fauriaux

Le grand feu, de Léonor de Récondo, Grasset, 224 pages, 19,50€.