Vichy (Allier), une nouvelle destination phare après son inscription à l'Unesco ?
Le 24 juillet 2021, Vichy et dix autres villes thermales européennes décrochaient le Graal, avec leur inscription au patrimoine mondial de l'Unesco. La consécration pour une petite cité bourbonnaise devenue, sous le second Empire, « la reine des villes d'eaux ». Mais aussi l'obligation de ne pas s'endormir sur ses lauriers.
Et si l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco n’était pas une fin en soi, mais plutôt le début d’une aventure ? Pour Vichy destinations, l’opérateur touristique du territoire, la reconnaissance de la valeur universelle du patrimoine thermal ouvre une nouvelle ère. Une ère aux exigences accrues. La pire des choses serait de décevoir des touristes attirés par l’inscription Unesco fraîchement acquise.
De deux à cinq joursVichy destinations a l’intention de ne pas s’endormir sur les lauriers de la Reine des villes d’eaux tout juste tressés. Un schéma de développement touristique a donc été défini pour une période de quatre ans. « L’objectif est de faire de Vichy une destination référence sur les courts séjours urbains, c’est-à-dire d’une durée allant de deux à cinq jours », annonce Adrien Southon, directeur adjoint de Vichy destinations.
Le shopping, un enjeu pour l'attractivité touristique de la ville. Le patrimoine, la culture et le shopping sont des leviers d’attraction importants. Sur le dernier plan commercial, l’ouverture des boutiques le dimanche est un avantage qui démarque la station thermale des autres villes. Mais tout l’enjeu est de pousser les visiteurs, venus de Clermont, Roanne ou Lyon pour une « après-midi emplettes », à allonger leur séjour vichyssois.
Profiter des activités liées à la rivière Allier peut justement être une raison d’y rester un peu plus. Vélo le long de la voie verte, paddle, nautisme sur le plan d’eau… Vichy doit renforcer son image de ville du bien-être et des loisirs nautiques. Et quand on s’éloigne un peu de la rivière, la Montagne bourbonnaise décline ses offres de destination nature, avec ses sentiers de randonnées pédestres, ses parcours de VTT…
Le thermalisme est bien évidemment un axe de développement important dans l’économie locale. Vichy destinations entend poursuivre l’accompagnement de l’opérateur France thermes en proposant des services et des loisirs aux curistes et à leurs accompagnateurs (excursions, soirées dansantes…).
Les séminaires, un autre axe de travail pour l'Office de tourisme. Vichy est également une destination connue pour ses congrès et ses séminaires. Toujours dans le souci de renforcer son offre, la SPL (société publique locale) a investi dans du matériel vidéo pour proposer des congrès hybrides, pouvant être aussi bien suivis in situ ou à distance par une partie des participants. Pour ceux qui sont sur place, là encore, le pari est de pousser les congressistes à rester une nuit ou plus en leur proposant des activités.
La question des résidences secondairesAutre chantier pour Vichy destinations : celui des résidences secondaires, un peu moins de 4.000 sur le territoire de Vichy communauté. Selon une étude, ces résidences seraient occupées en moyenne 35 jours par an. L’objectif est bien sûr de doper ce taux d’occupation.
En poussant par exemple les propriétaires à louer leurs biens, alors même que le territoire manque de meublés de qualité. Ou à constituer un « club de prescripteurs », comme cela se fait dans d’autres régions, où les propriétaires deviennent en quelque sorte des ambassadeurs.
Dans ce domaine des résidences secondaires, l’inscription Unesco pourrait attirer de nouveaux investisseurs. Si elle dispose d’atouts indéniables, que beaucoup de territoires envient, la destination Vichy doit encore consolider ses points forts, combler ses manques. En un mot, se montrer digne de l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.
Protéger sans figer : un défi d’aujourd’hui et demain pour les acteurs locaux. Protéger sans figer. Et conserver tout en s’inscrivant perpétuellement dans l’air du temps. Tel est le défi qui attend désormais Vichy.
Son Plan de gestion se décline en deux catégories : un Plan de gestion du bien (lire notre édition du 7 août) à échelle globale, dont les ressorts et le contenu englobent l’ensemble des onze villes reconnues comme « Grandes villes d’eaux d’Europe »?; et un Plan de gestion local, dont le contenu est adapté à chacune des villes concernées. Cette feuille de route doit fixer les grandes orientations des actions à mener à moyen et long terme, afin de mieux le préserver et le valoriser. À Vichy, le défi se pose en ces termes : conserver les traces architecturales et patrimoniales d’un glorieux passé tout en sachant inscrire le bien thermal reconnu par l’Unesco dans la modernité du siècle. Bien que déjà jugé comme remarquable, ce patrimoine local doit pouvoir évoluer et être réhabilité lorsque nécessaire, mais sans être dénaturé. Plusieurs axes de travail ont été définis dans un large champ de thématiques : développement urbain et environnemental, économie touristique, implication de la population locale et de la jeunesse, ou mobilité. Les chantiers de réhabilitation devraient donc fleurir dans les années à venir, dans l’ensemble du secteur qui s’étend aux alentours du parc des Sources et des trois principaux établissements thermaux.
Olivier Rezel et Pierre Géraudie Photos : Franck Boileau, Corentin Garault et Mickaël Charrondière