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Август
2022

Diaty Diallo : “Comment sauver la peau de mes frères : c’est ça, l’idée du livre”

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La révélation de la rentrée à 33 ans et signe “Deux Secondes d’air qui brûle”, le roman juste et contemporain de la vie d’un groupe de jeunes gens en banlieue jusqu’à l’interpellation policière de trop. Un mix de poésie et de rythmes rap qui pulse et qu’on n’oublie pas.

Rendez-vous début juillet avec Diaty Diallo pour son premier roman Deux Secondes d’air qui brûle. Au Cirque Électrique, lieu culturel implanté porte des Lilas à Paris. Un texto a précédé la rencontre. Il donne le ton : “J’y suis. C’est la grosse teuf à l’intérieur, je pense qu’il va falloir changer de spot.”

Effectivement, s’échappent du Cirque Électrique des infrabasses à décoller le papier peint. Il n’y a pas que cet inconvénient aux yeux de Diaty Diallo : “Beaucoup trop d’êtres humains torse nu.” Migration en terrasse d’un café paisible. Diaty avertit qu’elle est très bavarde. Deux heures plus tard, on n’aura pas le sentiment d’avoir bavardé mais plutôt d’avoir échangé, partagé.

On commence par la fin du roman : une liste d’une trentaine de morceaux de musique, de James Blake à Jeff Mills, en passant par Public Enemy. “J’ai abusé, c’est un peu long, mais j’y tenais. D’une part parce que j’ai cité des paroles de ces chansons, d’autre part parce que c’est un univers qui est le mien. La musique est sans doute l’endroit le plus personnel du roman. La chanson a été une de mes premières expériences d’écriture. Je composais la guitare folk de la pop un peu planante, ‘parfaite pour se droguer’ m’a dit un ami, ce qui m’a fait rire parce que je ne me drogue pas.”

Diaty a alors un geste élégant de la main comme pour balancer par-dessus son épaule un objet invisible. Fardeau ou balivernes ? Sans doute les deux. Elle dit aussi dans ses remerciements qu’elle n’a pas écrit son roman à mains nues. S’ensuit une autre liste, cette fois, de livres : “Je ne pouvais taire les nombreuses lectures qui m’ont nourrie pour raconter l’histoire humaine de ce livre, entre autres, L’Émeutier et la Sorcière d’Olivier Marboeuf ou Lettre à Adama d’Assa Traoré.”

Bienfaits de l’écriture

Ces références lui ont soufflé la liberté d’écrire. Une liberté qu’elle a expérimentée très jeune. Diaty Diallo a une petite trentaine d’années, ce que contredit son allure juvénile. À 15 ans, elle tient un blog dont elle a retrouvé les traces dans les limbes d’internet : “Ce n’était pas bien écrit, la mise en page était moche, les couleurs, criardes. C’est un peu le journal d’une âme malade de lycéenne. Quand je ne me sentais pas bien, j’écrivais, parfois n’importe quoi, par exemple sur les déchetteries. J’ai un peu l’air d’une folle gorgée de violence. Mais je me souviens que le bienfait était immédiat. J’écrivais aussi des trucs très marrants. Qui j’étais ? Une ado ordinaire.” Retour du geste radieux de la main accompagné d’un fou rire.

“Il y a tellement de choses qui se passent dans la construction d’une phrase, le choix d’un mot”

Ce qui est moins ordinaire, c’est Deux Secondes d’air qui brûle, un roman cogneur au style bagarreur. “Je tabasse mon clavier pour lui faire cracher des mots, mes mots mais aussi les mots de tout le monde si on sait dresser l’oreille. Ce n’est pas pour faire mon intéressante que je place du verlan, ça me vient, c’est tout. Je n’ai aucune intention de langue. Ma langue est véhiculaire. Il y a tellement de choses qui se passent dans la construction d’une phrase, le choix d’un mot, autant que dans l’histoire proprement dite. C’est pour ça que j’aime le rap et ses accents chantés.”

Au service de ce style de tabasseuse, c’est quoi le sujet ? “J’ai travaillé en chaos pendant deux ans. Beaucoup trop long, trop d’adjectifs, de complaisances. Il a fallu couper. Abandonner mon ego pour aller à l’os. Et puis surtout trouver une histoire, quitte à l’éclater en mille morceaux.”

À Bagnolet, en juillet © Alexia Fiasco

“J’ai grandi dans ces récits”

En effet, c’est une histoire qui s’éclate entre quelques lieux-dits : parkings, friches, toits d’immeubles, dalles de béton et, surplombant le tout, une pyramide, à la fois horreur architecturale et point de repère et de rendez-vous pour les “héros” du récit : Astor, Cherif, Demba, Nil, Bak ou Sami qui se fréquentent depuis l’enfance et ne se sont pas perdus de vue au fil de leur adolescence ou de leur prime maturité.

Ils traînent, se marrent, fument des joints, font des barbecues, boivent des Coca et se font régulièrement serrer par “les hommes en bleu” pour des contrôles d’identité qui peuvent virer en garde à vue, voire pire. “Je n’invente rien. Mon père, qui est d’origine malienne, s’est fait contrôler un nombre incalculable de fois. Mon frère, pareil, délit de faciès, etc. Quant à l’intoxication aux gaz lacrymo, je l’ai vécue aussi. J’ai grandi dans ces récits.”

“Je ne suis la porte-parole de rien. Ce livre n’est pas un tract politique, genre manipulation du sujet ‘banlieue’ avec des gros sabots”

Récit autobiographique alors ? “Oui et non. Je suis née à Versailles, pas vraiment dans le secteur bourge de la ville. Mais je ne vais pas dégainer le plan Cosette, sortez vos mouchoirs. J’étais assez heureuse. Mon père est un mélomane qui naviguait de Clapton à Pink Floyd. C’est grâce à lui que je suis devenue une grande mangeuse de musiques et en particulier de The Cure. Ma mère était une autodidacte qui travaillait pour la surveillance du Grand Palais ou du musée de l’Orangerie.

Le soir, je la rejoignais et c’est là que j’ai été sidérée par des expositions comme celle sur la mélancolie. Il doit en rester quelque chose dans mon livre. Je ne suis la porte-parole de rien. Ce livre n’est pas un tract politique, genre manipulation du sujet ‘banlieue’ avec des gros sabots. Quartier, cité, jeune de cité, c’est insupportable ces étiquetages, c’est une ultime embrouille du capitalisme.”

Une poésie surgissante

La voilà grave, au bord de la colère froide. “On nous accable avec la violence des jeunes de banlieue. C’est rien, cette violence, si on la compare à la grande violence imposée par le système capitaliste, violence financière, économique, morale. Les pires peut-être sont les donneurs de leçons de gauche qui nous expliquent comment se révolter ; brûler des voitures, certes, mais plutôt dans les beaux quartiers. J’ai envie de leur dire : ‘Passe devant, frère !’”

“Aujourd’hui, encore une fois, c’est dans le rap que la poésie s’insinue, souvent à son insu”

Crochet par la poésie car, aux détours du récit, elle surgit sans cesse, comme lorsque le jeune Demba, ayant trouvé dans la rue un boa en plumes, se met à chanter Mon manège à moi de Piaf en tourbillonnant sur lui-même jusqu’à s’évanouir. “La poésie, quand j’étais plus jeune, c’était Baudelaire, des gens qui se détruisent, ça m’intéressait. Aujourd’hui, encore une fois, c’est dans le rap que la poésie s’insinue, souvent à son insu. Deux Secondes, c’est de la prose poétique, si on veut.”

Et la question noire, puisque Diaty Diallo s’y intéresse ? “Le Noir est à la mode pour vendre du luxe sur les affiches publicitaires ou de l’acceptable dans le monde politique. Mais quel Noir ? Un Noir blanchi, banalisé. Pendant ce temps-là, qui nettoie les rues, qui garde les enfants des femmes blanches ? Je suis archiféministe en mode sorcière. Œuvrer pour la justice sociale, c’est d’abord œuvrer pour l’abolition du capitalisme. Je suis surtout afroféministe pour m’intéresser aux spécificités de la question noire, en Afrique, aux États-Unis et, bien sûr, ici. Sans jeu de mots facile, je crois que l’intensité révolutionnaire vient du noir, du hors-champ. On ne sait toujours pas très bien comment ça surgit, mais c’est ça qui est passionnant. Comment sauver la peau de mes frères, c’est ça l’idée du livre. Avec un maximum de générosité et de gentillesse.”

Soudain, en plein beau temps, un violent coup de vent fait claquer l’auvent du café et renverse les chaises. “C’est quoi ce truc ? La fin du monde ?” Ultime mouvement de la main derrière l’épaule, qui n’est pas un adieu mais un au revoir tout sourire.

Deux Secondes d’air qui brûle (Seuil), 174 p., 17,50 €. En librairie.






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