Au procès d'Abdelkader Merah, les parties civiles partagées entre déception et sentiment de "justice rendue"
PROCÈS MERAH - "Justice a été rendue"... ou pas. Cinq ans après les faits, et après de longues semaines d'un procès éprouvant, le verdict est tombé: Abdelkader Merah a écopé de 20 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroristes, sans que le chef d'accusation de "complicité d'assassinat" -passible d'une peine de prison à perpétuité- ne soit retenu contre lui. Un verdict qui n'a pas fait l'unanimité, dans le camp des victimes comme dans celui des accusés.
Les juges ont été contre l'avis de l'avocate générale, qui avait réclamé la perpétuité contre le frère de Mohamed Merah. Il a été condamné à la peine maximale pour "association de malfaiteurs terroriste". "Les juges ont résisté à la pression de l'opinion publique", s'est félicité à la sortie de l'audience Eric Dupond-Moretti, avocat d'Abdelkader Merah.
"En acquittant Abdelkader Merah du crime de complicité d'assassinats, la cour d'assises a rappelé que même dans les affaires de terrorisme les plus graves, la preuve et la règle de droit n'étaient pas reléguées au rang d'accessoires", a-t-il déclaré, sans exclure cependant de faire appel du jugement. A la sortie de l'audience, l'avocat de l'accusé a été largement hué par des mécontents du verdict.
Dupond-Moretti seul au monde. Huées, slogans "MORETTI DEMISSION" #Merahhttps://t.co/r8QNGd5hX0pic.twitter.com/c0zO1QSXge
— Timothée Vilars (@TimoVilars) 2 novembre 2017
Fettah Malki, condamné à 14 ans de réclusion pour "association de malfaiteurs terroriste" a quant à lui décidé de faire appel, a fait savoir son avocat maître Etelin. "Il veut faire appel. Après, nous verrons bien, à la réflexion, si cet appel doit être maintenu mais, pour l'instant, il a décidé de faire appel", a expliqué Me Etelin. Son client, contre qui avait été réclamée une peine de 20 ans de réclusion criminelle, était accusé d'avoir vendu une arme et un gilet pare-balles à Mohamed Merah.
Les parties civiles partagées
Du côté des victimes en revanche, les sentiments sont partagés. Ainsi, maître Patrick Klugman, un des avocats des victimes, estime que "justice a été rendue et nous respectons la justice car c'est la justice que nous attendions". Il a cependant regretté que "la cour n'ait pas été au terme de sa propre démarche", car "il était possible sereinement, juridiquement de condamner l'accusé pour la complicité d'assassinats".
Mais ce sentiment de satisfaction n'a pas été unanimement partagé. Latifa Ibn Ziaten, mère d'un soldat tué par Mohamed Merah s'est dite "déçue". "Il y a beaucoup de naïveté aujourd'hui, cet homme est dangereux", a-t-elle déclaré à la sortie de l'audience.
L'actuel maire (LR) de Toulouse, Jean-Luc Moundenc a estimé que qu'Abdelkader Merah et Fettah Malki avaient été condamnés "a minima" et rendu hommage aux "neuf victimes" de Mohamed Merah, dans un communiqué publié après le prononcé du verdict. "A l'heure où la Justice de notre République vient de juger de la culpabilité d'Abdelkader Merah et Fettah Malki en les condamnant a minima, j'ai une pensée très forte et émue pour les 9 victimes, 7 tués dont 3 enfants et 2 blessés graves", écrit le maire de Toulouse, à propos des "dix jours de terreur et d'horreur" de mars 2012.
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