Entre Emmanuel Macron et Pierre de Villiers, son chef d'état-major, l'histoire d'une rupture en cinq actes
ARMEE FRANCAISE - Une vive polémique a confronté l'Elysée et l'armée française en cette semaine de 14-Juillet.
Elle a plus précisément opposé Emmanuel Macron et son chef d'état-major des armées, le général Pierre de Villiers. Retour en cinq actes sur cette opposition qui devrait laisser des traces.
1. Le général se plaint de la baisse du budget à l'Assemblée
Pierre de Villiers, dans le huis clos de la commission de la Défense à l'Assemblée nationale, émet mercredi 12 de sérieuses critiques au sujet des 850 millions d'euros d'économies réclamées cette année aux armées, jugeant la trajectoire budgétaire "non tenable". Des critiques émises dans un langage plutôt fleuri et qui sont rapidement reprises dans la presse.
2. Macron le recadre et assure que le budget va être augmenté
A la veille des festivités du 14-Juillet, le chef de l'Etat reproche jeudi 13 au général, sans jamais le nommer, d'avoir mis de façon "indigne" une polémique budgétaire "sur la place publique" et le rappelle au "sens du devoir et de la réserve".
Ce rappel à l'ordre brutal, devant tous les chefs militaires, jette un froid et pose la question du maintien de Pierre de Villiers qui, à 61 ans, vient tout juste d'être reconduit pour une dernière année.
"Je suis votre chef": Macron répond sèchement à la gronde dans l'armée française pic.twitter.com/lfIIyfTJXu
— BFMTV (@BFMTV) 13 juillet 2017
Malgré ce recadrage par le président, le général peut "bien entendu" rester dans ses fonctions de chef d'état major de l'armée, assure vendredi le premier ministre Edouard Philippe.
En signe d'apaisement, Emmanuel Macron promet par ailleurs aux militaires dès 2018 une hausse de l'effort de Défense.
3. Les deux hommes se voient le jour du défilé du 14-Juillet
Emmanuel Macron et Pierre de Villiers défilent côte à côte sur les Champs-Elysées le jour de la fête nationale, certains médias évoquant une ambiance "glaciale" entre les deux hommes.
Dans la soirée, Pierre de Villiers publie une tribune intitulée "Confiance" sur Facebook, où il ne nomme pas Emmanuel Macron mais semble lui répliquer. "Personne ne mérite d'être aveuglément suivi", y écrit-il notamment.
4. Macron ouvre clairement la porte au départ du général
Dans un entretien au JDD ce dimanche 16 juillet, Emmanuel Macron envoie un message clair au général: "La République ne marche pas comme cela. Si quelque chose oppose le chef d'état-major des armées au président de la République, le chef d'état major des armées change."
"Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis, ce n'est pas plus compliqué que cela", poursuit le chef de l'Etat qui explique: "Moi j'ai des soldats sur des théâtres d'opérations, des gens qui attendent beaucoup, je les respecte, je leur dois, la protection: l'intérêt des armées doit primer sur les intérêts industriels".
Le président de la République rappelle au JDD qu'il a reconduit le général de Villiers dans ses fonctions le 1er juillet pour une dernière année: "Il a donc toute ma confiance" à condition de "savoir quelle est la chaîne hiérarchique et comment elle fonctionne, dans la République comme dans l'armée".
5. Les deux hommes doivent se voir vendredi
Le général de Villiers sera reçu vendredi 21 juillet à 18h à l'Elysée par le président de la République.
Si aucune précision sur l'objet de cette rencontre n'a été donnée, Pierre de Villiers pourrait apprendre ce jour-là s'il est "démissionné" ou non de ses fonctions.
Lire aussi :
• La mise en garde sans ambiguïté de Macron à son chef d'état major des armées
• La veille du 14-Juillet, comment Macron s'est mis les militaires à dos
• "Je suis votre chef": le recadrage de Macron face à la grogne des militaires
• Pour suivre les dernières actualités en direct sur Le HuffPost, cliquez ici
• Tous les matins, recevez gratuitement la newsletter du HuffPost
A voir également sur Le HuffPost: