Confronté à l'échec de son plan pour redresser le Liban, Emmanuel Macron fustige ses dirigeants
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Le point d’étape sur l’aide au Liban, pays en détresse depuis la catastrophe du 4 août, a donné lieu à un véritable réquisitoire du président français Emmanuel Macron contre « une classe politique libanaise soumise au jeu mortifère de la corruption et de la terreur ».
Son activisme au Liban agaçait déjà considérablement les puissances régionales. Le président turc Erdogan, notamment, avait taxé de « néocolonialiste » la démarche de son homologue français. Au lendemain de la catastrophe du 4 août, Emmanuel Macron a pris le leadership du soutien international à un pays au bord de l’effondrement.Dimanche 27 septembre, lors d’un point de situation organisé à l’Élysée, Emmanuel Macron n’a pas usé d’une langue très diplomatique.Une fois encore, ne voulant s’intéresser qu’au sort du « peuple libanais » que « la France n’abandonnera pas », le président français a exposé sans détours le triste bilan de la « feuille de route » proposée aux responsables politiques libanais le 1er septembre. « Toutes les forces politiques avaient pris l’engagement de nommer un gouvernement de mission dans les 15 jours », a rappelé Emmanuel Macron.
La démission du Premier ministre a entériné le fiasco de la "feuille de route" internationaleLa manifestation la plus évidente du fiasco est la démission, samedi 26 septembre, du premier ministre Mustapha Abib, qui n’a pas réussi à former un gouvernement depuis sa nomination il y a un mois. Le président Macron en a rejeté toute la responsabilité sur « une classe politique soumise au jeu mortifère de la corruption et de la terreur ».
Les explications du président français, ont pris la forme d’un réquisitoire contre « les autorités et dirigeants libanais […] qui ont fait le pari du pire, dans le seul but de se sauver eux-mêmes ainsi que les intérêts de leur famille, de leur clan. » Emmanuel Macron a dit avoir « honte » pour eux et avoir pris « acte de cette trahison collective et du refus des responsables libanais de s’engager de bonne foi dans le contrat que la France leur a proposé. Ils devront en répondre devant le peuple libanais. »
Un "système de terreur" imposé par le HezbollahS’il a bien insisté sur la responsabilité de tous les partis, le président français n’a pas ménagé le « Hezbollah », le parti chiite soutenu par l’Iran.
Au cours de la conférence de presse il a notamment évoqué un « système de corruption partagé entre les partis et les confessions. Un système de terreur qui s’est mis en place et que le Hezbollah a imposé (...) Le Hezbollah ne peut être à la fois une armée en guerre contre Israël, une milice déchaînée contre les civils en Syrie et un parti respectable au Liban ».
Eviter la guerre civileRépondant aux questions des journalistes libanais et français, Le président Macron a porté des accusations précises au sujet de la déroute du système financier libanais, qui fut le pilier de la prospérité du pays : " Ces dernières années les banques ont a attiré de l’argent au Liban en le sur-rémunérant. On peut parler d'un schéma de Ponzi. Quand se système s'est effondré certains se sont retrouvés piégés sans pouvoir sortir leurs dépôts" tandis que ceux qui tenaient les ficelles ont pu "continuer à sortir leur argent à eux du Liban, et aller le protéger ailleurs". La stratégie de redressement du pays établie par la France, reste « la seule issue possible » hors la guerre civile ou la prise de contrôle du Liban par ses voisins.À condition que les élites ainsi tancées se ressaisissent et s’en saisissent : « D’ici la fin octobre, avec l’ONU, nous organiserons une nouvelle conférence pour répondre aux besoins des Libanais. L’aide sera versée directement aux ONG et aux agences des Nations Unies », a annoncé Emmanuel Macron.
Julien Rapegno