Qu’est-ce que le “doré”, cette drogue qui affole les rappeurs français ?
Le rap français est une mine d’or de mots nouveaux. Néologismes, argot, importations et mariages de langues y sont une denrée commune. De cette mine a récemment jailli un mot aussi étincelant qu’une pierre précieuse : le “doré”. Sur Au DD, le premier single de Deux frères, le dernier album de PNL, Ademo y fait référence dès le premier couplet : “La Lune, j'aime plus, j'vous la laisse / J'm'endors sous doré, sous gnôle”. C’est encore Ademo qui, sur le deuxième couplet de Blanka, déclare : “J'souris, j'ai l'parfum du doré”. Les rappeurs de la cité des Tarterêts à Corbeil-Essonnes consacrent ainsi un terme que beaucoup de leurs auditeurs n’ont sans doute jamais entendu auparavant.
Doré connection
Mais ils n’en sont pas les seuls apôtres. Le cheminement du “doré” dans les paroles du rap français remonte à il y a quelques années. En 2014, sur Qué Pasa Amigo de Niska, le rappeur Madrane, du 91 (Essonne, comme PNL, ce qui n’est pas anodin), déclare déjà : “Ramenez les tiagas les Ana Montana / Du doré du soké des fusils des billets / Gardav sur gardav jusqu'à la mañana / Le pilon est rebeu, la c.c. antillaise”. En 2019, sa cote de popularité explose. Dans Destin, son album sorti en mars, Ninho en parle sur Sans Peine : “J’rallume le doré, j’suis pensif”.
Enfin Landy, jeune rappeur qui a sorti en mars son premier album, Assa Baing, semble particulièrement accro. Le “doré” est au centre du refrain de Madame : “J'pense qu'à faire d'la monnaie, ouais, ouais, ouais, je roule un doré”. Et revient dans un deuxième couplet nettement enfumé : “Mon frérot est sorti : semi-liberté, j'roule un gros doré, j'suis fonce-dé dans la ville / Ça vient des montagnes, faut pas d'inquiéter, y a que du THC, à fond dans la résine”. Sur le même album, Heuss L’enfoiré en fait la chute du premier couplet du titre Association de malfaiteurs : “Les malfaiteurs veulent de l'or et d'la monnaie / J'finis mon doré, j'finis mon doré, j'finis mon doré”.