Quand l’avion se met au vert
Edito. Retrouvez la tribune hebdomadaire de Maud Fontenoy, consacrée aux sciences et à l'environnement.
Nos déplacements aériens seraient responsables de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, via les rejets de CO2 et d'autres substances. Libérés dans les couches supérieures de l’atmosphère, ces rejets seraient, selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), 2 à 4 fois plus nocifs que s’ils touchaient le sol. Une part qui risque fortement d'augmenter si rien n'est fait, d'autant plus que le nombre de passagers devrait presque doubler d'ici 2036 pour atteindre plus de 7 milliards de voyageurs. C’est pourquoi autorités, compagnies aériennes, constructeurs aéronautiques et motoristes s'attachent actuellement à résoudre ce problème et à intégrer ces nouvelles contraintes au cœur du développement des futurs modèles. La compagnie aérospatiale européenne est donc en train de développer un avion supersonique capable de voler sans utiliser d’énergie fossile. Le ZEHST (pour Zero Emission Hyper Sonic Transportation), qui doit voler cinq fois plus vite qu’un avion de ligne classique, pourrait faire Paris-Tokyo en deux heures et demie et Paris-New York en une heure et demie. C’est-à-dire moins de temps que pour relier Paris à Marseille en TGV. Et, prouesse technique, tout cela en utilisant seulement des carburants verts et des réacteurs à hydrogène ! Alors, pourra-t-on bientôt (d’ici 2050, pour ce nouvel engin ultra profilé) prendre l'avion sans culpabiliser? Dans le même temps, la Norvège, plus gros producteur d'hydrocarbures d'Europe de l'Ouest, semble vouloir trouver d’urgence des solutions. Tout en faisant en sorte que, sur terre, toutes les nouvelles immatriculations soient des véhicules zéro émission dès 2025, le royaume nordique se tourne maintenant vers le ciel avec l'objectif d'électrifier tous les vols court-courrier d'ici 20 ans. Le passage à l'électrique semble donc être incontournable. Dans le cas inverse, la pénalisation de ce transport polluant se fera sous la forme de restrictions réglementaires et/ou de nouvelles taxes. Et ces méthodes coercitives ont déjà commencé : Depuis quelques jours, le prix du billet d’avion au départ de Suède a augmenté, avec la mise en place d’une nouvelle taxe passager (de 5 à 38 euros, en fonction des distances). Mais avant de généraliser ces taxes, ne faudrait-il pas avant mieux faire évoluer les technologies utilisées ou encore s’inspirer de la nature et du vol des grues. Figurez-vous qu’en volant en groupe et en se relayant à tour de rôle pour profiter de l’aspiration, tout en se protégeant du vent, ces volatiles économisent de façon non négligeable leur énergie. Ramené à des avions, cela permettrait une réduction de 10 % à 15 % de la consommation de carburant !
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